Robespierre. La fabrication d'un mythe Annonces
Conclusion de l'ouvrage de Marc Belissa et Yannick Bosc, Robespierre. La fabrication d'un mythe, Paris, Ellipses, 2013, 576 p.
"Robespierre n’a pas d’aventure amoureuse, (…) n’a jamais livré bataille et vit dans la théorie, (…) il se méfie de la foule et du peuple, (…) cache des souvenirs de Marie-Antoinette sous son matelas, (…) il est immature, (…) guidé par un idéal de pureté néo-romaine, (…) les têtes tombent, tombent, (…) il exerce un pouvoir sans partage avec ses deux séides, le terrible Couthon et Saint-Just, (…) des flots de sang débordent des caniveaux. " Quel est l’auteur de cette litanie ? Galart de Monjoie (1795) ? Hippolyte Taine (1875) ? Friedrich Sieburg (1936) ou le duc de Lévis Mirepois (1978) ? Non, il s’agit du journaliste Franck Ferrand, le 17 mai 2011, dans l’émission "Au cœur de l’histoire " qu’il anime sur Europe 1, à propos de la souscription lancée par la SER pour le rachat des manuscrits du révolutionnaire. Le même présente le documentaire "Robespierre bourreau de la Vendée ? " (mars 2012), une mise en scène de la propagande royaliste que France 3 a diffusée quatre fois.
Depuis le 9 thermidor, le discours défavorable à Robespierre est ainsi demeuré d’une remarquable stabilité, comme la polarisation des passions que le révolutionnaire alimente. En deux siècles, sur une toile de fond hostile dominante, toujours vigoureuse et en constante adaptation – la légende noire se recycle admirablement –, quatre phases distinguent des "moments Robespierre" au cours desquels on constate le retour d’un discours positif sur l’Incorruptible dans l’espace public.