Le principe d'immanence Annonces
par Pierre-Yves Quiviger, NoSoPhi, Université de Paris I
Extrait de l'introduction de l'ouvrage de Pierre-Yves Quiviger, sur Le principe d'immanence. Métaphysique et droit administratif chez Sieyès, Paris, collection "Travaux de philosophie", Paris, Champion, 2008, 480 pages.
Il s’agit d’aborder Sieyès sous l’angle du libéralisme, mais en essayant de comprendre comment les éléments qui ont pu donner lieu aux interprétations, soit marxiste soit schmittienne, peuvent prendre un sens dans le cadre d’un libéralisme singulier. Ce libéralisme singulier dont Sieyès me semble relever, le livre de Lucien Jaume, L’individu effacé, permet de mieux le cerner – c’est celui que Lucien Jaume décrit comme un « libéralisme étatique ». Comment vérifier cette intuition, qui permet de comprendre philosophiquement le sens de la création du Conseil d’État dans l’ensemble de la réflexion sieyèsienne ? En cherchant dans l’œuvre de Sieyès les signes d’une préoccupation conjointe pour les institutions juridico-administratives et la liberté individuelle, pour l’autorité légitime de la Nation et le respect de la sphère privée du citoyen. Paul Bastid pressentait cette conjonction singulière, mais les textes pour l’établir lui faisaient défaut. Il n’a pu avoir accès suffisamment tôt à l’incroyable matière inédite que constituent les Archives privées de Sieyès. Ces manuscrits sont encore très largement inédits (et très incomplets), et il y a encore plusieurs milliers de pages qui attendent une transcription. J’y ai puisé une grande partie de mes citations, en cherchant toujours à privilégier au maximum les passages qui ont fait l’objet d’une édition dans les volumes dirigés par Christine Fauré (Des manuscrits de Sieyès, chez Honoré Champion) afin de permettre au lecteur de se reporter commodément au texte complet.