Le Directoire. La république sans la démocratie

Introduction de l'ouvrage de Marc Belissa et Yannick Bosc, Le Directoire. La république sans la démocratie, Paris, La Fabrique, 2018, 296 p.

Autrefois, quand l’histoire de la décennie 1789-1799 était encore au centre de l’enseignement de l’histoire au collège et au lycée, trois ou quatre images suffisaient à caractériser la période du Directoire dans le grand public : celle des Merveilleuses et des Incroyables qui paradaient dans les cafés et les lieux publics de la capitale ou celle de la cour de jeunes femmes dénudées autour du Directeur Barras se dépêchant de jouir des plaisirs de Paris retrouvés après la « Terreur ». S’y ajoutait parfois l’image du personnage de Madame Angot, la ci-devant poissarde devenue riche du jour au lendemain, rendue populaire par le théâtre dès 1796 et immortalisée par l’opéra-comique de Charles Lecocq en 1872. Le seul personnage de premier plan connu de tous était le général Bonaparte sous lequel « perçait » déjà Napoléon, comme l’écrira Victor Hugo plus tard. Au XIXe siècle, cette légende rose – ou noire selon les points de vue – s’était construite notamment grâce à l’ouvrage des frères Goncourt La société française sous le Directoire, publié en 1855 et réédité de nombreuses fois depuis lors (jusqu’en 1992 pour la dernière édition). Sous une forme ironique et lapidaire, Gustave Flaubert résuma ces images et ces légendes dans son Dictionnaire des idées reçues : « Directoire (le). Les hontes du. – Dans ce temps-là, l’honneur s’était réfugié aux armées. – Les femmes, à Paris, se promenaient toutes nues. » Trois lieux communs donc : l’omniprésence de la guerre et des armées, la honte et la corruption, le relâchement (coupable) des mœurs…

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