Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

Résultats de votre recherche de marat.

Les Œuvres de Jean-Paul Marat en version epub sur Kindle   Outils

Jacques de Cock a réalisé la conversion de tous ses travaux sur Marat — y compris les 10 tomes des Œuvres — au format électronique epub. Cette édition électronique comprend :

- Les Cordeliers, ce sont les deux volumes disponibles sur TheBookEdition en format papier. Ils correspondent à l'Introduction du premier volume de l'édition originale et à l'ensemble du gros volume 2.
- Les 10 volumes des Ecrits de Marat sont regroupés en un fichier epub (les numéros de pages de l'édition papier son indiqués en gras et entre parenthèses). Cette édition comprend également le "Plan de législation criminelle" de 1790.
L'édition Kindle comprend également les "Guides de lecture" qui reprennent - l'histoire du journal de Marat, des imprimeurs, de la distribution, des saisies, des faux numéros...
- un volume sur la présentation (en rapport aux textes) des articulations de l'action politique de Marat de 1789 à 1793.
- un troisième avec ce que le guide désigne comme des "Arguments", les textes sur la pensée politique de Marat.

Par ailleurs, trois autres epub comprennent les écrits de Marat avant 1789 (disponible sur TheBookEdition en format papier et qui correspond à l'édition originale en un fort volume).

Tous les chercheurs s'intéressant à la Révolution française en général, et à Marat en particulier, se réjouiront de la possibilité d'accéder à tous ces travaux au format Kindle.

On peut les trouver ici.

Gracchus Babeuf   Annonces

 Babeuf de Schiappa

Avant-propos et extrait du dernier chapitre du Gracchus Babeuf de Jean-Marc Schiappa, Paris, Fayard, 2023.

AVANT-PROPOS

Lors d’une évaluation des problèmes de la recherche historique sur Babeuf et les babouvistes, nous interrogions : « Une “biographie” de Babeuf est-elle seulement possible (1) ? » Nous voulions souligner par là les difficultés considérables à notre sens d’une telle entreprise qui ne soit pas déformée ou oblitérée par l’enjeu de débats poli- tiques ultérieurs ; de ce point de vue, l’interrogation est fondée.

Il suffit de lancer n’importe quel moteur de recherche sur « Babeuf », y compris les sites électroniques de publications scientifiques, pour s’en convaincre. François Noël Babeuf est toujours (ou presque) nommé, cité, référencé comme métaphore, mais rarement (pour ne pas dire jamais) comme personnage historique (1760-1797). Surtout, on multiplie les erreurs.

On le désigne comme « premier communiste », ce qui est très approximatif ; « inventeur du mot communiste », ce qui est totalement faux ; « proto-marxiste », ce qui ne veut rien dire (tout ce qui est avant Marx est, étymologiquement parlant, proto-marxiste) ; on le mentionne comme fin d’une lignée, celle de « la grande mémoire de Robespierre, de Saint-Just, des sans-culottes » ; on le situe dans une continuité inexpliquée, « de Marat à Babeuf » ; on peut évoquer « la querelle entre Rousseau et Voltaire, un réveil des mânes de Gracchus Babeuf » ; ou l’insérer dans une accumulation disparate, « ils ont pour noms Socrate, Spartacus, Jésus, Bruno, Galilée, Babeuf », mais on trouve aussi « une seconde tradition que l’on peut qualifier de léniniste (…) bâtie autour d’un événement important de la période révolutionnaire, le procès de Gracchus Babeuf ». Contradictoirement, on l’intègre aussi dans la tradition de ce que l’on a appelé le « socialisme utopique ». S’il s’agit ici de publications récentes, on reconnaît sans peine l’ancienne formule de François Furet et Denis Richet à propos de cette « postérité confuse (2) ». Significativement, un chercheur avait parlé des compagnons de Babeuf comme « écartelés entre un passé mort et un avenir imaginaire, des hommes sans présent (3) ».

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La Société des Anti-Politiques d'Aix   Etudes

par Jean-Baptiste Budjeia, Université de Lille (UMR 8529-IRHiS)

Les Antipolitiques étaient un club politique au recrutement très populaire, dans une ville « aristocratique ». Aix, capitale de l’ancienne province de Provence, fut près de trois ans capitale du jeune département des Bouches-du-Rhône. Parmi ses trois députés aux états généraux du Royaume, elle avait envoyé son archevêque, Boisgelin, et le tonitruant Mirabeau. Mais cette « façade aristocratique » ne doit pas laisser oublier qu’il existait dans cette ville un mouvement populaire fortement engagé dans le processus révolutionnaire, mouvement porté par des artisans et des cultivateurs qui s’établirent en cercle le 1er novembre 1790 et se choisirent un nom, les Antipolitiques, qui ne peut laisser indifférent. Être Antipolitiques ne signifiait pas être contre la politique, mais contre les hommes politiques, du moins contre les pratiques qui leur étaient associées, ces hommes étant perçus comme des intrigants gouvernant pour leurs intérêts propres contre la Chose publique et le « bonheur commun » ; on opposait, en somme, les intérêts particuliers à la vertu, nous y reviendrons. Des artisans et des cultivateurs qui doubleraient sur sa gauche la Société des Amis de la Constitution d’Aix, tenue par les robins de la ville, et rivaliseraient de prestige et de ferveur patriotique avec les puissants Jacobins marseillais.

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Dictionnaire Robespierre. Tome 2   Annonces

Introduction au second volume du Dictionnaire Robespierre. Lexicométrie et usages langagiers. Outils pour une histoire du lexique de l'Incorruptible, Trieste, EUT, 2022, dirigé par Cesare Vetter et Elisabetta Gon. La version électronique du premier volume est disponible sur le site de l'Université de Trieste, ainsi que quelques extraits du second volume.

Les mots de Robespierre par Cesare Vetter (Université de Trieste)

Ce deuxième tome du Dictionnaire Robespierre continue à proposer les concordances complètes de quelques mots - clés du lexique de Robespierre. Pour faire la comparaison entre les Œuvres de Robespierre et les Archives Parlementaires nous avons adopté aussi pour Robespierre les critères de Philologic4 (1) sur les fréquences relatives : occurrences d'un mot par rapport à 10.000 mots. Dans ce deuxième tome nous présentons donc pour chaque mot la fréquence absolue, la fréquence relative normalisée et la fréquence relative selon les critères de Philologic4.
Je laisse au lecteur le soin d'exprimer des évaluations et des considérations analytiques sur le matériel que nous présentons ici. J'espère aussi que le lecteur puisera des idées et sera incité à se poser de nouvelles questions et à procéder à de nouvelles conceptualisations. Le Dictionnaire est un outil de travail que nous mettons à disposition de la communauté scientifique.

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La Fin de l'Etat par Jacques de Cock   Recensions

Contrairement à ses ouvrages publiés à la suite de l’aventure des "Œuvres complètes" de Marat avec Charlotte Goetz, le dernier livre de Jacques de Cock, "La Fin de l’Etat", n’est pas consacré à la Révolution française. Il s’agit d’un court essai historique et philosophique sur la manière dont l’Etat moderne s’est construit dans un premier temps, à partir du XVIe siècle, contre les communautés historiques humaines, puis, dans un second temps, a envahi l’ensemble des aspects de la vie sociale jusqu’en 1914 et a, selon Jacques De Cock, pris la place de la société depuis lors.

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Refaire le musée d’histoire de Paris   Réplique

Appel du 21 janvier 2022 à des États généraux et une consultation citoyenne

Par Laurent Hebenstreit

Le musée Carnavalet, musée historique de la Ville de Paris, recevait 500 000 visiteurs par an dont un millier de groupes scolaires. Sa réouverture est malheureusement un fiasco. Le traitement scandaleux de la Révolution française est le symbole du désastre.

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« Fraternité » dans le lexique de la révolution française   Etudes

Fraternité et Révolution française : parent pauvre ou mot dans la bouche de tout le monde ?

Par Cesare Vetter et Elisabetta Gon, Université de Trieste

A la fin du texte, les auteurs proposent les concordances complètes des mots qui font partie de la famille lexicale de « fraternité» chez Hébert, Marat, Saint-Just et Robespierre.

La « fraternité » recouvre-t-elle un rôle de « parent pauvre » dans le lexique de la Révolution, comme l'affirme Mona Ozouf (1) et comme l'a unanimement et longtemps soutenu l'historiographie révolutionnaire ? À la lumière de nouveaux potentiels de recherche provenant de la numérisation des sources et du déploiement des instruments de la linguistique computationnelle, la réponse doit être reconsidérée : en partie oui, en partie non (2). Le nombre d'occurrences est modeste, non seulement par rapport aux deux autres mots de la devise républicaine (« liberté, égalité, fraternité») (3), mais aussi par rapport à la plupart des mots à forte teneur sociopolitique de la période révolutionnaire. Modeste mais non négligeable (4). Les études sur les corpora numérisés de la période révolutionnaire dont les chercheurs disposent, nous disent que « fraternité » n'est pas parmi les « mots qui sont dans la bouche de tout le monde» (5), cependant sa présence est significative tant en termes de fréquence absolue que de fréquence relative dans le discours public de la Révolution. Les évidences lexicométriques dont nous disposons en ce moment sont provisoires et pourraient changer suite à l'acquisition de nouveaux corpora numérisés. Elles semblent toutefois indiquer plutôt qu’un parent pauvre, un parent modeste, mais digne.

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Jean-Paul Marat, l'Ami du peuple   Annonces

Charlotte Goëtz-Nothomb, Jean-Paul Marat, l'Ami du peuple

Avant propos de l'ouvrage de Charlotte Goëtz-Nothomb, Jean-Paul Marat, l'Ami du peuple. Une tradition politique à redécouvrir. Étapes de vie, actions et théories, PôleNordGroup, Bruxelles, 2016.

L’œuvre et surtout les journaux de Jean-Paul Marat peuvent, enfin, être vraiment découverts. Longtemps, les légendes et les déformations qui entouraient l’auteur et sa mort tragique avaient court-circuité un accès à ses écrits, dont le plus connu est le quotidien L’Ami du Peuple, dénomination qui est aussi devenue le surnom du publiciste-journaliste.
L’action d’imitateurs et de faussaires qui se sont servis de ce titre et de sa notoriété a été déjouée et les articles corrigés ou réécrits par Marat, restitués.
Parmi les autres textes, soulignons des Pamphlets, des Feuilles extraordinaires, des Placards et d’autres journaux : Le Junius français, Le Publiciste de la Révolution française, Le Publiciste de la République française.
Marat a aussi écrit un roman, des ouvrages médicaux, scientifiques et philosophiques, en particulier la double version (1774 puis 1793) des Chains of Slavery – Les Chaînes de l’Esclavage, livre théorique central.
Grâce aux recoupements de 52 journaux du temps, les prises de parole de Marat à la Convention nationale, aux Jacobins, au Club des Cordeliers… sont recomposées et éditées et, de son importante correspondance, dispersée lors des multiples saisies et à sa mort, une partie est sauvegardée.
Les qualités journalistiques de Marat sont maintenant reconnues par les spécialistes de la presse et plusieurs travaux scientifiques bénéficient d’une appréciation correcte.

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Thomas Paine, A Transatlantic Republican Between Two Revolutions   Annonces

JEAH Thomas Paine

Le dernier numéro du Journal of Early American History (vol. 6, n° 2- 3, 2016) propose un dossier Thomas Paine s'appuyant sur les contributions présentées lors du deuxième colloque international Thomas Paine organisé par Marc Belissa à Paris Ouest Nanterre en septembre 2014 avec le soutien de la COMUE Paris Lumières, des Thomas Paine Studies at Iona College et de la Thomas Paine Historical Association. Nous en proposons l'introduction.

Par Marc Belissa, Université Paris Ouest Nanterre – CHISCO et Gary Berton, Secretary of the Thomas Paine National Historical Association and Coordinator of the Institute for Thomas Paine Studies

Thomas Paine said the American Revolution was the cause of all mankind.(1) In France, sixteen years later, he said the French Revolution was also the cause of all mankind, and it was not a contradiction. He regarded both as the same revolution – the same revolution that was brewing as well in England. To understand Paine is to see him as a transatlantic revolutionary and democratic theorist. His principles were universal, and it was these first principles that he repeatedly referred to and promoted. They weren’t confined to a particular nation, although he adapted them to particular circumstances. They weren’t ephemeral or dependent on those circumstances. They defined an Age – the Age of democratic revolutions(2) that began with Common Sense and continues to today. Each of his key works quickly became international best-sellers and Common Sense’s influence in Europe was as great as Rights of Man’s influence on American politics. Paine must be regarded as an international political philosopher in order to come to grips with his influence and legacy, and to analyze his principles with regard to what have developed as « republics », and what has happened to « democracy ».

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Réponse de Jean-Clément Martin à la recension d'Anne-Marie Coustou   Réplique

Jean-Clément Martin nous a adressé cette réponse à la recension de son ouvrage Robespierre, la fabrication d'un monstre par Anne-Marie Coustou. Nous la publions intégralement. A la différence de Jean-Clément Martin, nous ne voyons dans cette recension ni propos "diffamatoires" ni "procès politique" mais une critique argumentée de son livre.
La rédaction

Intitulé « Robespierre, la fabrication d’un médiocre », le texte de Mme Coustou consacré à mon livre Robespierre. La fabrication d’un monstre accumule tant de déformations et d’accusations mensongères, que j’attends de la revue qui l’a diffusé, Révolution Française.net, la publication de ma réponse et une mise au point désavouant des propos inexacts voire diffamatoires. La recherche systématique de confusions, d’intentions perverses et de désinformations est inadmissible d’autant qu’elle s’appuie sur des citations tronquées ou mal comprises, voire dévoyées.

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Robespierre, la fabrication d’un médiocre   Recensions

Par Anne-Marie Coustou, Professeur d'histoire-géographie

A propos de l'ouvrage de Jean-Clément Martin, Robespierre, la fabrication d’un monstre, Paris, Perrin, 2016, 400 p.

Paru après Robespierre, la fabrication d’un mythe, de Marc Belissa et Yannick Bosc (2013), l’ouvrage de Jean-Clément Martin au titre quasi identique ne propose pas, à la différence du premier, de revenir sur la construction des légendes noires ou dorées de l’Incorruptible. L’introduction qui s’ouvre sur l’épisode du pseudo-masque de Robespierre que l’auteur qualifie de « quasi-comique » nous en donne l’objet. L’on pourrait penser que l’aspect « quasi-comique » résiderait dans ce montage cousu de fil blanc censé révéler « la vraie tête » du révolutionnaire. Mais pour l’auteur, c’est la réaction des défenseurs de l’Incorruptible qui est risible car «… aujourd’hui comme hier, écrit-il, on peut débattre sans crainte de la violence de Marat, de la vénalité de Danton ou de la frivolité de la reine, alors que l’épiderme national demeure sensible dès qu’on l’évoque (Robespierre) » (p. 1 et 2). Cette « crainte du débat » ne semble pas très dissuasive au vu du nombre de biographies et articles dépréciatifs parus sur l’Incorruptible. Par contre, cette « crainte » s’avère révélatrice du propos de l’auteur dont l’objectif est de libérer la parole sur Robespierre et, en quelque sorte, de déverrouiller le débat à son sujet. Le propos du livre consiste donc « à expliquer pourquoi il est le seul dans ce cas » alors qu’il est, selon Martin, un révolutionnaire parmi tant d’autres, pas même franchement remarquable par ses prises de position, ni même le plus attaché aux principes ou le plus désintéressé.

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Le féminisme et la subjectivité révolutionnaire : expérimentations et résistances   Recensions

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

A propos du livre de Eliane Viennot, Et la modernité fut masculine. La France, les femmes et le pouvoir 1789-1804, Paris, Perrin, 2016, 409 pages.

Avec l’avènement de la démocratie moderne, les citoyennes doivent expérimenter elles-mêmes les nouvelles potentialités politiques, les concrétiser dans toutes sortes de formes d’expérimentations et de résistances au pouvoir masculin, avec le soutien de quelques rares hommes dont le témoignage est d’autant plus précieux. Avancées et reculs dans le champ des rapports entre les sexes marquent alors les divers moments de la Révolution française, obligeant le chercheur soucieux de les retracer avec minutie de se situer au plus près des événements. C’est ce que nous propose Eliane Viennot, professeure de littérature française de la Renaissance à l'Université Jean Monnet (Saint-Etienne), dans la suite de sa passionnante enquête entamée au cours les années 1990 sur La France, les femmes et le pouvoir, dont l’objectif est de circonscrire la place du féminisme dans l’exception politique française. Cette somme historique sur l’histoire du féminisme vient en effet de s’enrichir d’un troisième volume relatif à la période révolutionnaire, après ceux sur L’invention de la loi salique, Ve-XVIe siècle (2006), et Les résistances de la société, XVIIe-XVIIIe (2008). Face à une Révolution française qui se veut l’ouverture des possibles par l’invention de la démocratie politique, il est légitime de s’interroger sur ce qu’il en est, au sein des événements révolutionnaires, du rééquilibrage des rapports de force entre les sexes, et de la résistance des hommes à ce mouvement d’émancipation.

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Clore le gouffre de la Terreur   Etudes

Par Françoise Brunel, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne

« Clore le gouffre de la Terreur » (1), est la version française originale de la communication présentée à la Conférence internationale sur la Terreur dans la Révolution française organisée, à Stanford University les 10-13 décembre 1992, par Keith Michael Baker, Steven Lawrence Kaplan et Colin Lucas. Le texte a été publié en anglais sous le titre « Bridging the Gulf of the Terror » dans The French Revolution and the Creation of Moderne Political Culture, volume 4, The Terror, sous la direction de Keith Michael Baker, Oxford, Pergamon Press Elsevier Science, 1994. Comme certaines réflexions et pistes de recherche ont trouvé un écho dans de récents travaux, nous n’avons pas jugé inutile de le publier en français, la publication en langue anglaise étant demeurée confidentielle dans les bibliothèques françaises. S’agissant d’une version originale, nous n’avons modifié ni le texte ni les notes, hormis de rares précisions historiographiques indispensables aujourd’hui et indiquées en caractères gras.(FB)

Que l’an III pouvait être « une mine d’or pour l’étude de l’an II », Richard Cobb l’a écrit et démontré par ses travaux (2). En d’autres termes, parler de mettre fin à la Terreur, c’est encore parler de la Terreur. Quel est le statut juridique de la Terreur ? Quel est surtout son lien avec le Gouvernement révolutionnaire ? Quel est, enfin, le régime qui, de thermidor an II à brumaire an IV, durant quinze mois, gouverne la France ? Et, dès lors, quelle peut être l’interprétation du 9 thermidor et celle du « moment thermidorien » dans la « synthèse républicaine » (3). Interrogeons ces mois intenses qui, de la chute de Robespierre à la mise en œuvre d’une nouvelle constitution, voient la fin, non de la Montagne, mais de la Terreur, non le démantèlement, mais l’investissement du Gouvernement révolutionnaire pour une création politique originale, un Gouvernement révolutionnaire sans Terreur – mais non sans une certaine contrainte – sous la conduite d’une coalition de Montagnards, de députés de la Plaine et bientôt de Girondins, réintégrés de frimaire à ventôse an III.

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La « Terreur », de Robespierre à Daech, en passant par Podemos   Actuel

Par Florence Gauthier, Historienne

Un nouvel accès d’un prurit « terrorisant » frappe depuis quelques temps ! Il a été réactivé récemment par Pedro J. Ramirez, ancien directeur du journal El Mundo, de Madrid, qui a publié un pavé de près de 1000 pages, intitulé en espagnol : El primer naufragio, 2013, traduit en français sous le titre provocateur suivant : Le Coup d’état. Robespierre, Danton et Marat contre la démocratie, Paris Vendémiaire, 2014. Et le 10 juin 2015, dans le journal ''Ouest-France'', le sociologue Michel Wieviorka s’en prend à son tour à Robespierre, pour le comparer… à Daech !
Il faut noter que Pedro J. Ramirez a tenu à induire une comparaison avec Pablo Iglesias, fondateur du parti Podemos, non dans son livre, dans lequel il n’en dit mot, mais dans les interviews qu’il donne au sujet de son livre : il compare alors Iglesias et Robespierre, exprimant ses positions politiques personnelles (1).

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Citoyenneté, République, Démocratie : une approche quantitative   Etudes

Par Marco Marin, Université de Trieste

Texte présenté lors de la séance du séminaire L'Esprit des lumières et de la Révolution du 22 janvier 2015.

Nous allons étudier les usages discursifs de trois lexies qui forment l'intitulé du séminaire de cette année, c'est-à-dire : « citoyenneté », « république » et « démocratie ».
L'analyse portera sur les auteurs et sur les ouvrages numérisés (ou en cours de numérisation) à l'Université de Trieste. Il s'agit des Œuvres de Robespierre et de Marat, du Père Duchesne de Hébert (imprimé entre le 4 novembre 1790 et le11 mars 1794) (1), de 115 catéchismes révolutionnaires (de la période 1788-1799), des 34 premiers numéros des Actes des Apôtres (publiés entre novembre 1789 et mi-février 1790), et de trois volumes des Révolutions de France et de Brabant de Desmoulins, pour un total de 38 numéros qui correspondent aux publications du mois de décembre 1789 et de quelques mois de 1790 (notamment de janvier à mai et de septembre à novembre) (2). Les occurrences de tous les corpora utilisés sont 6 000 000. Pour effectuer cet étude, j'ai profité de certains outils propres à la « lexicométrie » (dite aussi « statistique lexicale »), qui, selon Muller "est l'étude statistique du langage, effectué presque toujours à travers l'usage de l'ordinateur. Avec les techniques de la lexicométrie on peut procéder à des études comparatives et statistiques du vocabulaire. Elle permet d'établir les contextes d'emploi d'un vocable et les combinaisons les plus fréquentes dans lesquelles il entre, ce qui donne des informations sur le ou les sens de ce vocable" (3).

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L'Ami du peuple numérisé   Outils

Les 685 numéros de L'Ami du peuple, le journal que publie Marat entre 1789 et 1792, ont été numérisés par le groupe Veramente et sont accessibles en ligne. Ce travail s'appuie sur l’édition de référence publiée par Charlotte Goëtz-­Nothomb et Jacques De Cock : Œuvres politiques complètes 1789-1793 de Jean-Paul Marat, 10 volumes, Bruxelles, Pôle Nord, 1989-1996.

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Liberté d'expression, liberté de la presse, de quoi parle-t-on ?   Textes

Les débats sur la liberté de la presse ont été âpres, en particulier en août 1789 lors de l’examen de ce qui deviend l’article 11 de la déclaration des droits. Si Robespierre ou La Fayette défendent la liberté totale de la presse, de nombreux députés du côté droit et du côté gauche s’inquiètent des risques d’une liberté illimitée, notamment pour la réputation des personnes. La formule retenue est donc un compromis : "la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme. Tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l’abus de cette liberté dans les cas prévus par la loi". Mais il faut plus de deux ans à l’Assemblée pour préciser ce que sont les "abus" de la liberté de la presse.

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« Système de terreur » et « système de la terreur » dans le lexique de la Révolution française   Etudes

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Préambule : Quinet et le « système de la Terreur »

Dans le livre XVII de La Révolution (Théorie de la Terreur), Edgar Quinet, pour caractériser la Terreur de l’an II, utilise sans distinction les expressions « système de terreur » et « système de la Terreur » (1). On trouve une occurrence de « système de la Terreur » aussi dans le livre XVI (La Religion sous la Terreur)(2) et deux occurrences de « système de la Terreur » dans la Critique de la Révolution (3). Dans La Révolution - comme cela est déjà connu – les désignants « jacobins » et « montagnards » coïncident et dans le livre XII (La Convention), il décrit ainsi la différence entre Gironde et Montagne au sujet de la Terreur :

Ainsi se résout la question souvent posée, si la terreur eût été aussi sanglante entre les mains des girondins qu’entre celles des jacobins. Les premiers n’en eussent point fait un système ; cette conception ne fût jamais sortie de leur esprit (4).

La connotation de la Terreur en tant que « système » souleva dans les dernières années du Second Empire un large et passionnant débat parmi les républicains français (5) et demeure encore fondamentale dans la réflexion sur la Terreur.

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Thomas Paine, le républicanisme, le droit à l'existence et la critique du libéralisme économique   Synthèses

 Colloque Thomas Paine dans la Révolution française 2014

Par Yannick Bosc, GRHIS-Normandie Université

Texte préparatoire à la Deuxième conférence internationale Thomas Paine, Thomas Paine dans la Révolution française, Université Paris Ouest Nanterre, vendredi 26 septembre 2014, (CHISCO-Paris Ouest Nanterre, Université Paris Lumière, Thomas Paine Studies Iona College, Thomas Paine National Historical Association).

En 1797, Thomas Paine publie Agrarian Justice, un ouvrage qu'il dédie « à la législature et au directoire exécutif de la République française » et dont il précise qu'il a pour fonction de « révolutionner l'état de civilisation ». Ce texte important, qui a été redécouvert à la fin des années 1980 à la faveur des débats autour du livre de John Rawls, A theory of justice (1971), est à l'origine du principe d'allocation universelle ou revenu de base (basic income). Paine estime qu'une société ne peut être considérée comme civilisée que si les êtres humains qui la compose ont à leur disposition de quoi vivre dignement. Il prévoit donc la création d'un fonds national, alimenté par une perception sur les héritages, dont on prélèvera une somme d'argent qui sera donnée à toute personne arrivant à l'âge adulte ou entrant dans la vieillesse, riches et pauvres indistinctement selon le principe d'universalité. Ce plan, précise Paine, permettra de soulager sur le champ « les aveugles, les boiteux, les vieillards indigents, il fournira à la génération naissante le moyen d'empêcher la reproduction de ces classes malheureuses »(1). Ces mesures ne reposent pas sur la charité, mais sont établies au nom des principes républicains, principalement de la liberté. Paine définit cette dernière comme égalité des droits personnels (2). C'est lorsqu'il y a égalité des droits personnels , donc lorsque la liberté est garantie que, selon Paine, existe une république.

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La Commune de Paris et la production de guerre, 1793-1794   Etudes

Par Aurélien Larné, doctorant CHISCO-Paris Ouest Nanterre

Ce texte a été présenté le 13 décembre 2013 au cours du séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution.

Le 28 juillet 1793, l’armée autrichienne occupait le nord de la France et y rétablit l’Ancien Régime. La guerre contre les monarchies européennes avait été entreprise par l’Assemblée législative, sous l’impulsion des Brissotins contre lesquels s’étaient opposés une partie des membres de la Société des Amis de la Liberté et de l’Egalité (Robespierre, Billaud-Varenne, Marat). Elle avait ensuite été poursuivie par la Convention girondine contre l’avis de certains Montagnards. Par ailleurs, la multiplication des recrutements d’hommes pour les armées avait entraîné la Vendée dans la guerre civile. À la fin du mois de mars 1793, la guerre de conquête avait tourné à la débâcle et le décret du 13 avril matérialisa la transformation de cette guerre de conquête en guerre défensive. À partir du mois de juin, pour la Convention montagnarde, la victoire de la guerre défensive devint l’objectif unique (1) .

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Catéchismes révolutionnaires : typologies, langages et méthodologies   Etudes

Par Marco Marin, Université de Trieste
Ce texte a été présenté le 15 novembre 2013 au cours du séminaire l'Esprit des Lumières et de la Révolution.Traduction de Valeria De Marco (1).

J'aborderai la question des catéchismes révolutionnaires par leur définition et j’expliquerai les raisons qui m’ont portées à étudier ce genre de littérature. Après avoir évoqué les caractères généraux de ces publications pendant la Révolution, je présenterai les catéchismes politiques depuis le XVIIe siècle, ce qui permettra de saisir les différentes typologies de l’époque révolutionnaire en les inscrivant dans la longue durée. La distinction entre les sources de l’époque monarchique et celles de la République sera d'abord traitée quantitativement puis, par le biais de la « linguistique des corpora », je montrerai, à titre d’exemple, comment au temps de la République, le mot-clé « nation » et remplacé par d’autres lexies (2). Enfin, j'établirai un bilan de l'histoire des catéchismes pendant la Révolution et conclurai en évoquant les catéchismes séculiers au XIXe et au XXe siècle.

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Interpeller les acteurs de la Révolution française : le récit protagonistique   Recensions

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

A propos de Haim Burstin, Révolutionnaires. Pour une anthropologie politique de la Révolution française, Paris, Vendémiaire, 2013, 443 pages.

A la suite du saut qualitatif et quantitatif des recherches autour de la Révolution française, ces vingt dernières années, nous pouvons constater l’ouverture de voies nouvelles en matière de synthèse. Cette ouverture peut prendre appui sur la réflexivité des discours et des pratiques, donc se situer à relative distance des jugements historiographiques, ainsi que nous l’avons proposé de manière partielle dans notre ouvrage sur L’avènement des porte-parole de la République (1789-1792). Essais de synthèse sur les langages de la Révolution française (1998). A ce titre, nous avons mis l’accent, dans la lignée de la théorie critique (Gadamer, Habermas) et de l’ethnométhodologie (Garfinkel, Quéré), sur le fait que la connaissance de l’événement révolutionnaire s’appuie désormais en grande part sur la manière dont le langage des révolutionnaires constitue ses ressources au sein d’un contexte d’action. Nous avons été peut-être quelque peu optimiste, au regard des contraintes propres de l’historien dans son travail critique sur les archives.

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Révolution française : évidences lexicologiques, évidences lexicométriques et interprétations   Etudes

la felicita è un idea nuova in Europa, Vetter et Marin

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Nous publions l'introduction de Cesare Vetter, "Révolution française : évidences lexicologiques, évidences lexicométriques et interprétations historiographiques", à La felicità è un’idea nuova in Europa. Contributo al lessico della Rivoluzione francese, tome II, sous la direction de Cesare Vetter et Marco Marin, EUT, Trieste, 2013, 731 pages. La version électronique de l'intégralité de l'ouvrage est libre d'accès sur l’archive numérique OpenstarTS de l’Université de Trieste. Le volume est également disponible en version papier. ISBN 978-88-8303-470-1.

1. Structure du volume : sources, méthodologies, propos

Ce deuxième tome de La felicità è un’idea nuova in Europa suit un fil conducteur bien précis : il permet au lecteur de vérifier à travers des évidences lexicologiques et lexicométriques les plus récents et importants débats qui tournent autour les questions inhérentes à la Révolution française. Les évidences que l’on va proposer ici résultent de la consultation de deux différents corpora informatiques : l’un est le corpus informatique des textes de la Révolution française que nous avons constitué pendant ces dernières années et que nous continuons à implémenter – avec la contribution décisive de Marco Marin - auprès du Département d’Histoire (présentement Département d’études humanistiques) de l’Université de Trieste ; l’autre est le corpus des catéchismes révolutionnaires que Marco Marin a constitué individuellement dans le cadre da sa thèse de doctorat au SUM (Istituto Italiano di Scienze Umane). Le corpus de la Révolution française dont je dispose (pour l’instant on ne peut pas être mis en ligne à cause des contraintes normatives en termes de droits éditoriaux) embrasse la bibliographie suivante : Œuvres politiques de Marat (10 vol., Bruxelles, 1989-1993) et autres écrits de Marat qui précédent la Révolution ;Œuvres de Robespierre (11 vol., Paris, 2000 - 2007) ; Œuvres complètes de Saint-Just (Paris, 1984) ; le journal de Hébert (Le Père Duchesne, 10 vol., Paris, 1969) ; Du Bonheur de Lequinio (20 brumaire an second). Le corpus informatique constitué par Marco Marin se compose de 111 catéchismes, desquels 104 sont imprimés et 7 sont restés manuscrits. La majorité de ces catéchismes ont fait l’objet d’une transcription manuelle, c'est-à-dire que nous n'avons pas utilisé de logiciels de reconnaissance de texte. De plus, Marco Marin et Elisabetta Gon ont transcrit, digitalisé et analysé lexicométriquement la lettre inédite de Robespierre de 1792 récemment mise en lumière (1).

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Robespierre, une politique de la philosophie   Annonces

Robespierre. Une Politique de la philosophie. La fabrique

L'ouvrage de Georges Labica, Robespierre. Une Politique de la philosophie, publié en 1990 est réédité par La fabrique. Nous en publions l'introduction.

Introduction : une pensée de l’inédit

Pourquoi ajouter un nouveau Robespierre à une bibliographie qui compte déjà quelques sommes décisives et qui n’a cessé de s’étendre, malgré les réserves récemment encore manifestées, lors de la commémoration du bicentenaire de la Révolution de 1789, à l’endroit de l’Incorruptible ? Tout simplement parce qu’il m’a semblé que la pensée politique de Maximilien Robespierre méritait, en tant que telle, d’être prise au sérieux. Ce livre est donc d’un philosophe à l’écoute de l’un des siens.
Dont il convient d’emblée d’en souligner l’originalité.
Le caractère proprement novateur de la pensée de Robespierre, s’il n’a rien, pour l’époque, d’exceptionnel, puisque le partagent nombre de ses contemporains (Saint-Just, Marat, Grégoire, Couthon, de Gouges, Billaud, Roux, Babeuf, etc.), n’en prend pas moins une valeur emblématique. Il s’agit de penser la révolution au moment même où elle se produit, au moment où, tantôt à tâtons, tantôt avec fulgurance, elle entreprend de maîtriser intellectuellement ses actes, en inventant de toutes pièces sa terminologie. Cela n’a pas de précédent. Il est difficile, et beaucoup plus qu’on ne le croit, de cerner le concept de révolution, même pour nous qui bénéficions du corpus marxiste et d’un siècle et demi d’expériences historiques et théoriques. À plus forte raison pour Robespierre, qui est le produit de la Révolution, littéralement fait par elle, emporté par son mouvement, et s’acharnant, avec une opiniâtreté, cette fois, sans analogue, à la saisir, collant à ses processus, ne l’ayant ni vue venir, ni anticipée, mais la suivant, s’en laissant inspirer au jour le jour et tentant en vain, on le sait, d’en assurer le contrôle.

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La Révolution française et ses catégories historiographiques   Recensions

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS/Université de Lyon

A propos de Jean-Clément Martin, Nouvelle histoire de la Révolution française, Paris, Perrin, 2012, 630 pages.

L'historien Jean-Clément Martin, ancien directeur de l'Institut d'Histoire de la Révolution Française, nous propose présentement un ouvrage tout à la fois passionnant, érudit et problématisé. Il s'agit principalement de faire un récit politique des événements, sans en revenir à l'histoire positiviste d'autrefois, ou de tomber sous la dépendance d'une histoire de la pensée politique d'aujourd'hui dont il importe cependant d'évaluer les acquis récents. Tout l'enjeu porte sur la portée opératoire ou non des catégories historiographiques déployées, depuis Jules Michelet jusqu'à Michel Vovelle, dans les Histoires de la Révolution française au regard des modalités politiques de l'entrée en lutte des révolutionnaires. Jean-Clément Martin fait alors preuve du souci constant de ne pas faire correspondre de manière univoque telle catégorie généralisante avec tel référent dans la réalité. Il considère donc le processus d'invention de la politique en révolution au titre d'une dynamique révolutionnaire de mieux en mieux connue depuis les travaux nombreux et divers de ces trente dernières années, comme en témoigne l'imposante bibliographie en fin de volume (pages 585-623). Il s'agit bien de mettre en avant le processus d'invention politique lui-même en déployant progressivement les multiples formes attestées de l'expérimentation révolutionnaire.

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La Révolution française et le monde 2012-2013   Annonces

Séminaire animé par Marc Belissa, Paris Ouest Nanterre, jeudi 13h30-15h30, salle D 202 (bâtiment D, 2e étage)

Une source, un ouvrage

Cette année, le séminaire sera centré sur le rapport entre sources et historiographie de la Révolution française. Comment s’opère le passage de l’archive, de la source à la problématique historique ? Par quels cheminements les historiens conçoivent leurs objets et leurs sujets ?
Les chercheurs que nous accueillerons nous présenteront tout d’abord des sources de natures diverses (archives manuscrites, imprimées, images, etc.) puis l’ouvrage qui a été le fruit de leur travail dans l’archive.
Chaque séance comprendra donc deux parties : la première dans laquelle les intervenants commenteront avec vous une source particulière, la seconde dans laquelle ils vous présenteront leurs ouvrages respectifs en les insérant dans les champs actuels de l’historiographie de la période révolutionnaire.

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La république de Genève et la France au XVIIIe siècle   Etudes

Par Fabrice Brandli, Université de Genève

Brandli Le Nain et le Géant. La république de Genève et la France au XVIIIe siècle

Fabrice Brandli vient de faire paraître une version abrégée de sa thèse de doctorat consacrée aux relations diplomatiques entre la France et Genève au XVIIIe siècle et pendant la Révolution française : Le Nain et le Géant. La république de Genève et la France au XVIIIe siècle. Cultures politiques et diplomatie, Rennes, PUR, 2012. Cette thèse s’intéresse particulièrement aux formes de la culture politique diplomatique entre deux États, l’un puissant, l’autre faible dans le système politique de l’Ancien Régime. Fabrice Brandli met l’accent sur la signification politique et culturelle des formes prises par le cérémonial diplomatique et ses relations avec le droit des gens et le droit public de l’Europe. Nous publions ici un extrait du chapitre VI intitulé "Le don en diplomatie, gage d’amitié ou signe de domination ?" dans lequel l’auteur analyse en particulier l’évolution des formes des relations entre Genève et la République thermidorienne et directoriale à travers l’épisode des échanges de drapeaux entre les deux républiques alors que l’idéal de fraternité universelle, porté notamment par Robespierre en l’an II, se modifie en profondeur avec l’affirmation de la Grande Nation à partir de l’an III.

L’échange des drapeaux ou les limites de la fraternité républicaine

La culture politique des agents de la diplomatie franco-genevoise durant l’Ancien Régime contribue à équilibrer la conception égalitaire de la souveraineté comme catégorie juridique du droit des gens et les normes de l’usage qui distinguent entre la puissance de l’État monarchique français et la faiblesse de la République de Genève. Les Révolutions française et genevoise, après 1792, modifient-elles en profondeur les paradigmes et les pratiques de la diplomatie en matière de représentation ? La relative similitude des principes politiques adoptés par les deux États conduit-elle à renouveler les significations du don diplomatique dans le cadre plus général du cérémonial ? En réalité, après les déclarations de fraternité les plus débridées surgissent les entraves à la réciprocité où se mêlent de part et d’autre des aspirations contradictoires.

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Héros et Héroïnes de la Révolution française   Annonces

Nous reproduisons ici l'introduction et la table des matières des actes d'un colloque publié en 2012 par le CTHS sous la direction de Serge Bianchi.

Héros et Héroïnes de la Révolution française

« Aux grands hommes, la patrie reconnaissante ». Cette inscription sur le fronton du Panthéon scelle le lien essentiel que la Révolution française a noué avec les personnages qu’elle a voulu célébrer à l’intérieur de ce monu ment singulier, église devenue temple de la mémoire, en avril 1791, pour l’éternité… Mais s’agit-il de « grands hommes » ou de « héros » ? Ce débat, qui a passionné les intellectuels du siècle des Lumières, prend toute sa dimension à l’énoncé des panthéonisés de la décennie révolutionnaire, éclairant ainsi le processus de la distinction nationale : Mirabeau, le législateur, le 4 avril 1791 ; Voltaire, le philosophe, le 11 juillet 1791 ; Le Peletier, le conven tionnel, martyr de la Liberté, en janvier 1793 ; Bara, l’enfant héroïque, le 28 juillet 1794 ? Les marins du Vengeur ; Jean-Jacques Rousseau, l’autre philosophe ; Marat, martyr de la Liberté, en août 1794… Des philosophes, des hommes politiques, des militaires : les législateurs successifs n’ont donc pas tranché, décrètent l’immortalité (?) dans l’urgence, jusqu’à « dépan théoniser » brutalement Mirabeau, puis Marat. Ainsi, le Panthéon, lieu de mémoire contesté par d’autres familles politiques, tour à tour église et monument laïque mémoriel, ne révèle qu’une partie des enjeux de la « fabrique » des héros et des grands hommes, au temps de la Révolution française, temps fondateur s’il en fut, marqué par tant d’apothéoses et d’honneurs posthumes.

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Mythologies contemporaines : Révolution française et cultures populaires dans le monde aujourd’hui   Recensions

par Serge Bianchi, Université de Rennes II

Du mercredi 21 mars au vendredi 23 mars s’est tenu, entre le musée de la Révolution française de Vizille et l’Université Stendhal de Grenoble, un colloque « international et interdisciplinaire » au titre aussi ambitieux que fascinant : "Mythologies contemporaines : Révolution française et cultures populaires dans le monde aujourd’hui".
Les objectifs des organisateurs, Martial Poirson (1) et Alain Chevalier (2), relèvent d’un pari novateur et assumé qui ne va pas de soi, avant la tenue de cette manifestation. Il s’agit, selon eux, de conduire une « histoire sociale et culturelle de l’imaginaire révolutionnaire contemporain », en analysant dans les « cultures étrangères et aires géographiques les plus diverses », les « réappropriations et détournements » des mythes de la Révolution française par les « cultures populaires » et « leurs relais médiatiques de masse ».

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Révolution française : refonder les problématiques du républicanisme   Etudes

par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

héritages des républicanismes et république comme utopie

Ce texte a été présenté lors de l'atelier Les héritages des républicanismes et la république comme utopie qui s'est tenu le 27 novembre 2010.

Aborder le républicanisme pendant la Révolution française, dans une perspective politique contemporaine qui considère la république comme un horizon d'attente, suppose de mettre en évidence les filtres qui en prédéterminent la lecture et la compréhension. La Révolution française a été l'objet d'usages historiques et politiques, souvent intenses, qui ont sédimenté et subsumé la complexité initiale. Ils résultent du poids de l'histoire de France et de ses mythologies, mais également des rapports complexes qu'ont entretenu le socialisme et la Révolution française, rapports qui en retour ont engendré le récit selon lequel cette période l'histoire constituerait peu ou prou un totalitarisme. Ces filtres, multiples, sont autant d'éléments d'oubli, ou de dévitalisation des principes d'une Première République qui est dès lors en déshérence : en France, on se penche plutôt sur le XIXe siècle qui semble être la ressource principale de l'idée républicaine ; par ailleurs, selon le paradigme de la « révolution bourgeoise », la Première République ne serait plus en phase avec les nécessités de l'histoire et aurait été dépassée par la perspective de la révolution prolétarienne ; enfin, si ce moment républicain est totalitaire, sa place n'est pas dans la modernité, dans notre actualité ou notre futur, mais du côté des monstres politiques, du stalinisme et du nazisme. Je laisserai ici de côté le paradigme de la « révolution bourgeoise » dont Albert Mathiez a déjà souligné qu'il empêche de comprendre ce qu'il a nommé la « révolution sociale » de l'an II (1). Je me consacrerai à l'idéologie de la modernité en faisant un détour par « l'exception républicaine française ».

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Mythologies contemporaines : Révolution française et cultures populaires dans le monde aujourd’hui   Annonces

Colloque international interdisciplinaire, Musée de la Révolution française – Domaine de Vizille, Université Stendhal-Grenoble 3 – UMR LIRE-CNRS
Mercredi 21, jeudi 22 et vendredi 23 mars 2012
Organisé par Alain Chevalier et Martial Poirson

« Sans ce drapé extravagant, propre à tous les grands révolutionnaires, (…) la Révolution n’aurait pu être cet événement mythique qui a fécondé l’Histoire et toute idée de la Révolution. L’écriture révolutionnaire fut comme l’entéléchie de la légende révolutionnaire : elle intimidait et imposait une consécration civique du Sang » (1). Rares sont les événements historiques ayant, au point de la Révolution française, engendré leur propre mythologie spontanée, conditionnant pour les siècles qui ont suivi sa perception fantasmatique et projective qui est encore dans une large mesure la nôtre aujourd’hui. Scène primitive à l’efficacité rituelle et symbolique inégalée ; mythe fondateur à vocation d’édification nationale et de légitimation institutionnelle ; fiction patrimoniale dont l’héritage nous est transmis en partage ; matrice d’un consensus qui n’est pas toujours unanime sur les valeurs démocratiques et républicaines ; source d’inspiration d’une production artistique tantôt critique et subversive, tantôt conformiste et consensuelle ; matière dont s’emparent les cultures populaires à travers toutes sortes de représentations et surtout, de médiations symboliques, parfois inattendues, la Révolution française n’a peut-être jamais été aussi présente qu’aujourd’hui, à la fois dans le discours, en régime de « mythocratie », et dans les objets, qui fonctionnent comme un système de signes, autrement dit, comme un « mythe moderne », au sens de Roland Barthes (2).

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Une révolution paysanne   Synthèses

ou Les caractères originaux de l’histoire rurale de la Révolution française

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris Diderot-Paris 7. gauthierflore@orange.fr

La Révolution française, révolution des droits de l’homme et du citoyen, abolit le régime féodal et l’esclavage dans les colonies, deux des piliers de l’oppression des peuples. Cette double abolition se réalisa en faveur de l'humanité opprimée. Le bonnet rouge de la liberté exprima le lien entre ces deux grandes conquêtes de la liberté civile et politique de portée mondiale.

Nous nous intéresserons ici au mouvement paysan qui imposa son rythme à la Révolution et dont l'objectif n'était pas seulement de se libérer du régime féodal. En effet, des rapports d'un type nouveau se développaient depuis la fin du Moyen-Âge. On pouvait voir dans les campagnes du Royaume de France, les progrès de la concentration de la propriété foncière par l’expropriation d’une partie grandissante de la paysannerie de ses tenures héritables, mais aussi ceux de la concentration de l’exploitation agricole aux mains d’une étroite couche de fermiers capitalistes entrepreneurs de culture (1), qui pratiquaient la réunion des fermes en rassemblant dans leurs mains les différents marchés de terre en location. On voyait encore la formation d’un marché privé des subsistances grâce à la spéculation à la hausse des prix des grains à une époque où les céréales représentaient la base de l’alimentation du petit peuple des villes et de l’immense population des paysans pauvres et sans terre. Ici, le pouvoir économique transformait le besoin social de se nourrir en arme alimentaire, ou guerre du blé, qui tuait, comme nous le savons, sous forme de disettes factices (2).

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Pons de l'Hérault : archives en ligne   Sources

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen

Pons de l'Hérault

Nous proposons ici les fac-similés de papiers d'André Pons, dit Pons de l'Hérault (1772-1853), tirés d'archives privées. Ce personnage, surtout connu des historiens de l'Empire, est également le héros du roman de Patrick Rambaud, L'absent, qui le met en scène sur l'île d'Elbe au moment de la captivité de Napoléon. La matière en est principalement fournie par les Souvenirs et anecdotes de l'île d'Elbe (à lire sur Gallica) dans lesquels Pons, qui administre les mines de fer de l'île depuis 1809, relate ses relations, souvent tendues, avec l'empereur qu'il avait connu pendant le siège de Toulon en 1793. André Pons (il se rebaptise Marat-Lepelletier Pons en l'an II), officier de marine originaire de Sète, chef d'état major de la division navale de l'armée d'Italie, est en effet considéré comme un fervent républicain. Cependant, s'il dénonce le 18 brumaire, comme il s'oppose un demi siècle plus tard au coup d'Etat de Louis-Napoléon Bonaparte, il suit l'Empereur pendant les Cent-Jours, est nommé préfet du Rhône et tente de le rejoindre à Sainte Hélène.

Le texte qui suit permet de recontextualiser les papiers que nous publions. Ces éléments biographiques sont extraits de l'introduction que Léon-Gabriel Pélissier (1863-1912) consacre au Mémoire de Pons de l'Hérault aux puissances alliées qu'il a édité en 1899 et que l'on peut lire sur Gallica. Nous y renvoyons le lecteur qui voudrait consulter la totalité du texte, en particulier les copieuses notes de bas de page que nous ne restituons pas ici. Pélissier qui ne masque pas sa sympathie pour le personnage, quitte parfois à manquer de distance, est également l'éditeur des Souvenirs et anecdotes de l'île d'Elbe.

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Des mécanismes de dépacification du jeu politique   Synthèses

Pourquoi la Révolution française n’a pas été de velours ?

par Sophie Wahnich, Laios/IACC Cnrs-EHESS

La notion de « dépacification » suppose sur le plan d’une logique historique, deux épisodes en amont : celui d’une conflictualité non réglée, affrontements chaotiques violents, lutte de classes, guerre civile, révolution, guerre, puis celui d’une pacification, c’est à dire de l’imposition choisie ou non mais in fine acceptée, d’un certain nombre de règles qui permettent de régler cette conflictualité exacerbée et de la contraindre. La dépacification serait le moment spécifique où ces contraintes acceptées pour obtenir la paix ne seraient plus opérantes, le moment spécifique où la paix ne serait plus l’objet désirable pour des acteurs sociaux qui seraient restés en conflit latent et qui lors de la « dépacification » ouvriraient d’une manière ou d’une autre à nouveau les hostilités en renonçant aux contraintes de la régulation reconnue jusque là, comme efficiente.

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Marat : vie posthume   Actuel

Par Guillaume Mazeau, IHRF-Université Paris 1

waste land marat assassiné

A propos du film Waste Land

Primé à Sundance et à Berlin, ce film retrace la fabuleuse aventure de Vik Muniz de son domicile de Brooklyn à la banlieue de Rio de Janeiro. Là, dans la plus grande décharge du monde, l’artiste fait poser les catadores, (ramasseurs de déchets) et les associe à la création de gigantesques compositions. Créées à partir des matériaux trouvés sur place, elles sont tirées de l’imagerie populaire ou d’œuvres d’art mondialement connues. L’une d’entre elles, intitulée Marat (Sebastiao) va bouleverser la vie de ces gens de peu et, par la même occasion, devenir l’objet central du film. Réalisée à partir d’une baignoire trouvée dans la décharge, elle s’inspire explicitement du Marat Assassiné peint par Jacques-Louis David en 1793 peu après la mort du fameux révolutionnaire. (...)
Que des catadores, vivant avec quelques dollars par jour, aient retrouvé leur dignité grâce à la mémoire de celui qui, en 1793, était considéré comme le défenseur du peuple et des plus fragiles, voilà qui témoigne, au contraire, d’une étonnante transmission des processus d’identification. Depuis deux cents ans, la figure de l’Ami du Peuple poursuit ainsi sa vie posthume, des faubourgs de Paris aux favelas de Rio.

Lire le texte sur Lumières du Siècle et voir la bande annonce de Waste Land

Du Siècle des Lumières aux Lumières du Siècle   Actuel

Ce "blog de critique historique du contemporain" de Guillaume Mazeau est hébergé par Nouvelobs.com. Extrait :
"pourquoi consacrer un blog au Siècle des Lumières ? Justement parce qu’il constitue un bon remède à la pensée mélancolique. Siècle d’inventions, d’émancipations, de révoltes et de révolutions mais aussi de conservatismes, de réactions et de contre-révolutions, le 18e siècle présente de profondes similitudes avec notre époque. Peur du déclin démographique, de la banqueroute de l’Etat, peur des masses populaires et des populations de couleur, haine des élites, vie publique rythmée par une série d’affaires politico-médiatiques, débats sur les vertus géopolitiques, démocratiques et morales du libéralisme économique, sur la guerre civilisatrice, la légitimité de la dénonciation civique, la place des médias dans la vie politique, des religions dans la cité mais aussi le statut des femmes dans la vie publique.. L’Affaire Woerth-Bettencourt et l’Affaire du Collier, Wikileaks et L’Ami du Peuple de Marat, ou encore les liens fait par Eric Besson entre la politique sécuritaire et le droit à la sûreté de la Déclaration des Droits de l’Homme et de Citoyen… les parallèles ne manquent pas."

Voir le blog

La haine de Marat : Onfray ou l’affabulation   En ligne

Par Guillaume Mazeau, IHRF-Paris 1

En 2009, Michel Onfray a publié une apologie de Charlotte Corday. Plutôt bien accueillie par les médias, cette histoire est pourtant historiquement médiocre et politiquement scandaleuse. Depuis Adam Lux (1765-1793), ce Mayençais guillotiné pour avoir publié un chant d’amour en l’honneur de la belle Corday, la liste de ceux dont «l’ange de l’assassinat» a fait perdre la tête ne cesse de s’allonger. S’il participe d’un retour de flamme plus général pour Corday, le coming out de Michel Onfray ne peut que surprendre et inquiéter, surtout lorsque celui-ci reçoit la bénédiction de la critique la plus installée. Car cet éloge cache un brûlot mal inspiré, jamais fondé, truffé d’erreurs, ponctué d’attaques haineuses, arbitraires – et pour tout dire, populistes. Onfray veut montrer que Charlotte Corday peut inspirer tous ceux qui, lassés d’une gauche de ressentiment impuissante et rongée par les haines et les envies, demeurent fidèles à l’action, à la morale et à la vertu.

Lire le texte sur marat-jean-paul.org

L’interruption en révolution, le 31 mai 1793 : un discours non prononcé de Rabaud Saint-Etienne   Textes

par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », Université de Lyon, CNRS/ENS

Au cours de la très longue séance de la Convention du 31 mai 1793, Danton a prononcé un important discours sur la situation révolutionnaire du moment, un discours « heureux » donc, que nous avons reconstitué, sur la base des comptes-rendus des différents journaux, et publié sur le présent site. De cette séance exceptionnelle de la Convention, nous retenons présentement un autre discours, celui du girondin Rabaud Saint-Etienne, porte-parole de la Commission des douze. Cependant il se situe dans un contexte d’énonciation fort différent : ce discours s’avère « malheureux » du fait d’une série ininterrompue d’interruptions qui empêche l’orateur de s’exprimer pleinement. C’est donc le statut discursif de l’interruption en révolution, et conjointement celui de l’injure, que nous analysons présentement.

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Réflexion sur les formes historiques et sociodiscursives de l'engagement en Révolution   Recensions

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-Lyon/Université de Lyon

A propos de l'ouvrage de Guillaume Mazeau, Le bain de l’histoire. Charlotte Corday et l’attentat contre Marat (1793-2009), Paris, Champvallon, 2009, 427 pages.

La mort de Marat, le 13 juillet 1793, est un événement régulièrement revisité, de génération en génération, par les journalistes, par les érudits locaux et plus irrégulièrement par les historiens « universitaires ». L’originalité de la démarche de Guillaume Mazeau est de prendre parti, dès l’introduction, pour une histoire universitaire engagée à propos de l’assassinat commis par Charlotte Corday contre Marat. Il s’agit alors, entre histoire, historiographie et mémoire, d’entrer dans « une fabrique du passé » où se dévoilent des pratiques sociales enracinées dans l’événement « assassinat de Marat ». Ainsi l’attention de l’historien se porte prioritairement sur les formes de l’engagement qui se manifestent dans la multiplicité des expériences de l’événement autour de la figure de Charlotte Corday.

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Calomnie, dénonciation et politique   Actuel

Par Emilie Brémond-Poulle, ICT, Université Paris Diderot-Paris 7

Les révélations liées au scandale politico-financier Bettencourt/Woerth (*) ont entraîné une série de réactions vives de la part des députés, ministres et membres de l’UMP, accusant le journal en ligne Médiapart, à l’origine des révélations, de calomnie, pratiques fascistes et autres. Débutée, il y a plus d’un mois, la polémique s’est progressivement étendue, faisant feu de tout bois, pour finalement se recentrer sur les rapports entre le pouvoir et la presse. En dépit de sa disparition des « unes » au profit de nouveaux sujets, il semble intéressant de faire part des réflexions inspirées par cette affaire : de part son contexte et les sujets abordés, elle a fait écho à des questions rencontrées dans mon travail de thèse sur la pratique de la dénonciation politique dans L’Ami du Peuple de Marat entre 1789 et 1793 (1). Un parallèle avec la période révolutionnaire semble assez évident, puisque des événements ou des personnages ont été largement cités dans les débats et les discussions de ces derniers mois. Parfois utilisée comme exemple démocratique, en renfort d'un argument anti-gouvernemental, il est remarquable que la Révolution française ait principalement servi de contre-exemple dans les interventions des hommes politiques de la majorité.

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Michel Onfray, Marat et la Révolution française   En ligne

Texte de Vincent Folliot, "La Révolution française pour les Nuls : Michel Onfray, philosophe, écrivain", publié le 5 juillet 2009 dans L'Oeil Critique.

Michel Onfray cultive une liberté de pensée et d’action. Le voilà donc qui s’échine, dans un court travail de 80 pages, à aborder le thème difficile de la Révolution française et à y délivrer une pensée qui, me semble-t-il, ne peut rivaliser avec un quelconque manuel de seconde. Bref, Michel Onfray s’esquinte dans le champ de l’histoire et ça tombe bien. « La religion du poignard – Eloge de Charlotte Corday ». Voilà le titre.

Lire l'article de Vincent Folliot dans L'Oeil Critique

Le Dumouriez d'Arthur Chuquet   Recensions

Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris Ouest Nanterre - La Défense

Arthur Chuquet, Dumouriez, 1914, réédition, Clermont-Ferrand, Les Éditions Maison, 2009

Dumouriez Chuquet

Pourquoi relire le "Dumouriez" d’Arthur Chuquet aujourd’hui ? Les "Éditions Maison" proposent une réédition de ce livre à l’identique de l’édition originale. A cette occasion, il me paraît intéressant de réfléchir sur la manière dont on faisait l’histoire militaire de la Révolution française en 1914, date de la première publication du "Dumouriez" et sur la façon dont on peut utiliser cette production scientifique dans un processus de réflexion historiographique aujourd’hui. Arthur Chuquet fait partie de ces noms de "grands ancêtres" qui figurent sur toutes les bibliographies mais qu’on lit très peu. C’est pourtant un personnage très intéressant et un grand historien de la Révolution française selon les critères en vigueur à son époque.

Il est né en février 1853 à Rocroi et meurt en banlieue parisienne en 1925. Il fait partie de la génération des pionniers des études révolutionnaires, même si, comme son contemporain Alphonse Aulard né en 1849 et mort en 1928, sa formation initiale n’était pas l’histoire de la Révolution française. Fils d’un fonctionnaire des douanes, Chuquet fait ses études primaires et secondaires à Metz et obtient son baccalauréat en 1870. De 1871 à 1874, il étudie la littérature allemande et l’histoire à l’École Normale Supérieure, avant de faire un voyage d’études en Allemagne. Agrégé d’allemand en 1876, il enseigne au lycée Saint-Louis pendant dix ans, puis devient professeur de littérature allemande à l’École Normale Supérieure. Sa thèse en 1887 porte déjà sur la campagne de 1792. Il devient le directeur de la Revue critique d’histoire et de la littérature l’année suivante et titulaire de la chaire de langues et de littérature germaniques au Collège de France à partir de 1893. Enfin, il entre à l’Académie des Sciences morales et politiques en 1900 et enseigne l’allemand jusqu’en 1921 à l’École militaire de Paris. Une grande carrière d’universitaire sous la Troisième République donc.

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marat-jean-paul.org   Outils

Par l'association POLE NORD, éditrice des Oeuvres politiques de Marat – Coordination : Charlotte Goëtz

En créant marat-jean-paul.org, POLE NORD asbl a pour objectif de fournir aux chercheurs et aux lecteurs des informations encore dans ses fonds, des inédits de Marat et des articles concernant son parcours familial, médical, scientifique et politique. Avec des apports visuels, ils complètent la documentation sur cette personnalité dont textes et actions, connectés à des questions toujours actuelles, ont leur place dans toute formation politique digne de ce nom.

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Les Lumières, la Révolution française et le monde- Séminaire 2010   Annonces

Paris Ouest Nanterre Séminaire de Master, Marc Belissa, Jeudi 13h30-15h30 salle DD 102 (bâtiment DD, 1er étage)

Le séminaire "Les Lumières, la Révolution française et le monde" n'ayant pas pu se tenir l'année dernière du fait du mouvement de grève opposé aux contre-réformes universitaires en cours, il a été reconduit à l'identique cette année.

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Trésors cachés de la Révolution française à Carnavalet   Brèves

Par Florence Gauthier, ICT-Université Paris 7-Denis Diderot

Exposition jusqu’au 3 janvier 2010, au Musée Carnavalet, 23 rue de Sévigné 75004, Métro Saint-Paul.

Il ne faut pas manquer ces trésors cachés, parmi lesquels on pourra admirer de nombreuses pièces remarquables. Par exemple, Le Triomphe du peuple français de Jacques Louis David, dessin au crayon, plume et lavis, réalisé sous la Convention montagnarde (et après l’assassinat de Marat comme l’atteste la figure de ce dernier découvrant sa poitrine poignardée), projet qui devait décorer un rideau de scène : hommage du peintre au droit de résistance à l’oppression (Voir Philippe Bordes et Régis Michel éd., Aux armes et aux arts ! Les arts de la Révolution, 1789-1799, Paris, Adam Biro, 1988, p. 117 ; Philippe Bordes, David, Paris, Hazan, 1988, p. 64).

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La Révolution impossible, et pourtant là….   Recensions

Par Françoise Brunel, EA 127 « Modernités et Révolution », Université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne et Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS-LSH/Université de Lyon

A propos de Pierre Michon, Le roi vient quand il veut. Propos sur la littérature, Paris, Albin Michel, 2007, 394 pages, et Les Onze, Paris, Verdier, 2009, 137 pages.

Un projet littéraire sur la Terreur

Dans ses Propos sur la littérature, Pierre Michon revient à plusieurs reprises sur un projet de roman qui l’occupe depuis plus d’une dizaines d’années : « J’ai plusieurs textes en train. L’un d’eux est une fiction sur la Terreur de 93 » et de préciser l’environnement adéquat à l’écriture de ces projet : « …si bien que le Marat assassiné de David est là aussi à quatre ou cinq exemplaires, partout où je peux porter les yeux » (p. 67). Il précise : « Tout de même, en ce moment, pour le livre que j’écris et qui porte sur une période bien précise du XVIIIe siècle, j’ai des mètres et des mètres de documentation, sur les costumes révolutionnaires, sur un décret, sur n’importe quoi, sur tout » (p. 108). Il s’explique ailleurs plus longuement sur l’importance de l’enjeu de ce projet littéraire : « D’abord cette grande machine à propos de 1793, du moins autour, sur laquelle je suis depuis plusieurs années, ou ce que j’essaye d’affronter, c’est le nœud des arts et de la politique, l’éclipse de Dieu, le meurtre du père et le massacre réciproque des fils, et l’impuissance des arts à rendre compte, tout le fatras. Ou encore : pourquoi la Révolution française n’a pas produit d’œuvres d’art à la hauteur de l’événement ? Mais le problème est bien vaste pour moi, et cette histoire de Terreur me terrifie, littéralement je veux dire. Pourtant je suis heureux de ce que j’en ai écrit jusque-là, et si ça se trouve, c’est fini à mon insu…» (p. 158).

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"Allégorie forever", opéra farandole sur la Révolution française   Annonces

Vendredi 12 juin 2009, au Centre culturel Aragon à Oyonnax, création d'Allégorie forever. Cet opéra farandole initié par le Centre culturel de rencontre d'Ambronay a pour objectif d'amener des élèves à s'épanouir à travers une pratique artistique régulière et pluridisciplinaire en les faisant participer à la création d'un opéra. Le livret a été confié à une historienne, Sophie Wahnich et à un metteur en scène Pierre Kuentz, la musique contemporaine à Marie Hélène Fournier. Associés aux enfants, des artistes professionnels (chanteurs, instrumentistes, chef de chœur, metteur en scène, etc.) travaillent depuis deux ans.

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Peuple et violence dans l’histoire de la revolution française   Réplique

Par Sophie Wahnich, LAIOS-CNRS

La violence politique dans l’historiographie de la Révolution française

Si l’histoire de la Révolution française ne se limite pas, fort heureusement, à l’analyse de la violence qui s’y est déployée, cette violence semble encore la frapper aujourd’hui d’un discrédit qui conduit à plusieurs impasses historiographiques. La première consiste à éviter soigneusement d’en parler pour ne pas réveiller des démons et ainsi faire comme si les droits de l’homme et du citoyen n’avaient pas eu besoin de la violence populaire pour être ratifiés par le roi, dès octobre 1789. La violence de la période révolutionnaire est traitée comme un épiphénomène, ou comme un secteur d’histoire qu’il faudrait traiter à part. La seconde consiste à en parler d’une manière quasi expressionniste à l’aide d’un vocabulaire choisi dans le registre thermidorien : « spectre », « violence débridée », « surenchère », « gouffre », « anarchie », et de refuser d’en analyser les enjeux théoriques pour en faire une pure pragmatique du fait révolutionnaire. La Révolution française devient alors un ring où tous les coups semblent possibles, permis ou acceptés en l’absence d’arbitre, puisque l’État, qui dans ce récit se doit de réprimer, est décrit comme « faible »(1).

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La représentation de l'événement révolutionnaire ou la peinture à l'épreuve de la gravure   Etudes

Par Philippe Bordes, Institut national d’histoire de l’art, Paris

Le Dix-Août de Bertaux

Le Dix-Août de "Bertaux", (1) conservé au château de Versailles, est une peinture célèbre, souvent exposée, souvent reproduite (voir sa reproduction en grand format). Aux yeux des historiens qui l'invoquent, c'est un témoignage visuel de l'époque révolutionnaire allant de soi, pouvant être reproduit presque sans commentaire. L'œuvre est considérée comme l'illustration fidèle d'un événement majeur. On sait qu'elle fut exposée au Salon de 1793, exactement un an après la scène historique représentée. Elle s'intègre dans l'effort concerté des révolutionnaires pour solenniser le souvenir de cette journée décisive. Telle une veduta, la reconstitution de l'événement sur la toile prétend à une grande exactitude. La façade des Tuileries que l'on voit sur la gauche, les costumes militaires et civils, les cadavres, les mêlées et charges confuses des combattants, soulignent les visées documentaires de l'auteur. A tel point que l'analyse de l'image sert généralement non pas à révéler l'invention et l'imagination qui sont au cœur de la création artistique, mais à développer un discours peu critique fondé sur l'idée d'une sorte de vérité de la représentation. (2) Pourtant, quelle que soit l'intensité des contraintes documentaires exercées par l'actualité sur une représentation peinte ou gravée, celle-ci reste une construction imaginaire élaborée à partir de codes visuels. (3)

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Marat et la dictature : évidences lexicométriques, précisions philologiques, conceptualisation   Mots

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Je propose ici une relecture critique provisoire d'un ancien essai que j'ai écrit sur Marat (1). Relecture critique provisoire, parce que je suis encore occupé à croiser les évidences lexicométriques qui ressortent du corpus digitalisé des Oeuvres politiques, les vérifications sur les éditions sur papier déjà existantes les plus significatives et les rapprochements sur la Collection avec des corrections manuscrites de Marat, retrouvée par Charlotte Goëtz et Jacques De Cock en Ecosse à la bibliothèque des comtes de Rosebery et achetée par la suite par la Bibliothèque Nationale de Paris (indiquée désormais comme Collection corrigée) (2). Un travail long et difficile, mais point inutile, comme je crois qu'il en ressortira des exemples sur lesquels je m'arrêterai dans cette étude.

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Républicanismes et droit naturel. Des Humanistes aux Révolutions des Droits de l'Homme et du Citoyen   Annonces

républicanismes et droit naturel

Les actes du colloque organisé par notre séminaire L'Esprit des Lumières et de la Révolution en juin 2008 viennent de paraître aux éditions Kimé (avec le concours du CHISCO Paris Ouest Nanterre, ICT Paris VII Denis Diderot et IHRF Paris I Panthéon-Sorbonne). On trouvera ci-dessous l'introduction et la table des matières.

Républicanismes et droits naturels à l'époque moderne. Des humanistes aux révolutions de droits de l'homme et du citoyen, Marc Belissa, Yannick Bosc et Florence Gauthier (dir.), Paris, Kimé, 2009, 248 p.

Depuis la parution des principaux travaux de Caroline Robbins (The Eighteenth Century Commonwealthmen, 1958), de Zera Fink, (The Classical Republicans…, 1962), de John G. A. Pocock (The Machiavelian Moment. Florentine Political thought and the Atlantic Republican Tradition, 1975, traduit en 1997) et de Quentin Skinner (The Foundations of Modern Political Thought, 1978, en français en 2001) pour ne citer que les plus célèbres, de nombreux historiens ont labouré le champ de l’histoire des idées politiques à la recherche des continuités dans la tradition du républicanisme dit "classique" et/ou de "l’humanisme civique". À partir de ces recherches, des philosophes politiques comme Philip Pettit (1) ou Jean-Fabien Spitz (2) ont également interrogé cette tradition. Les questionnements actuels sur ce qu’il est convenu d’appeler la "crise de la démocratie" ne sont pas étrangers à cet intérêt renouvelé. Ces philosophes n’hésitent pas à revenir aux origines historiques du républicanisme pour y puiser les éléments de réflexion leur permettant de concevoir un nouveau républicanisme social et démocratique.

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Dénoncer les manœuvres du pouvoir exécutif   Actuel

Renouant avec les principes de Marat selon lesquels "l'accusation publique est le devoir de tout citoyen", le 9 février 2009, des Présidents d'Universités dénoncent "le plus grand coup porté à l'école de la République depuis Vichy" et rendent publics les "mensonges" et les "méthodes de voyous" du ministère.

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Les Lumières, la Révolution française et le monde- Séminaire 2009   Annonces

Programme du séminaire de Master (HHIM209) de Marc Belissa Paris X Nanterre - CHISCO . Jeudi 13h30-15h30 salle D 202 (bâtiment D, 2e étage).

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Politique de Fichte : « jacobinisme », nation allemande et Antiquité   Etudes

Par Lucien Calvié, CRÉG et PLH-ÉRASME, Université de Toulouse II-Le Mirail

Fichte « jacobin » et/ou nationaliste : une querelle française

Auteur difficile à lire et à interpréter, Fichte est-il tout uniquement, à travers les fortes et rapides variations de la conjoncture politique de son temps d’adulte, de 1789 à sa mort en 1814, peu après le début des guerres antinapoléoniennes dites « de la liberté » ou « de libération » (Freiheitskriege ou Befreiungskriege), le « jacobin » – du moins le « jacobin » allemand, avec de précautionneux guillemets en raison de la difficulté d’une définition du jacobinisme, en France même et, plus encore, dans la zone d’expansion du phénomène révolutionnaire au cours des années 1790, en Allemagne (1), comme aussi en Italie, en Hongrie ou en Pologne – que laissent percevoir ses premiers écrits de 1793 ? Ou bien est-il surtout, sinon exclusivement, le nationaliste – ou l’ultranationaliste, dirait-on aujourd’hui en raison du galvaudage rapide de la terminologie politique –, voire le précurseur du pangermanisme, de l’idéologie völkisch et du nazisme que semblent parfois révéler ses Discours à la nation allemande de 1807 ?

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Les femmes et le savoir politique pendant la Révolution française   Etudes

Perspectives franco-allemandes

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », Université de Lyon, CNRS/ENS-LSH

Les historiens ont souligné, dans un premier temps, les interdits à l’égard de la présence des femmes en politique au cours de la Révolution française, en particulier au sein des assemblées représentatives. Ce qui n’empêche pas, à vrai dire, l’apparition de formes multiples de mixité politique dans la société civile, sans compter la participation des femmes aux luttes révolutionnaires comme l'ont montré de nombreux travaux. Pour autant, la scène politique dans sa forme représentative s'instaure comme une exclusive des hommes dans sa pratique et sa théorisation même, exclusivité particulièrement bien explicitée chez Sieyès, l’inventeur du système français de la représentation politique.

Ainsi se met en place la dissociation historique entre une « école d’intelligence et de mœurs » de « la société des femmes » (1), la galanterie incluse, telle qu’elle s’impose dans les salons des Lumières, et le savoir politique de la société des hommes constitué par la première génération des législateurs-philosophes de la Révolution française. Dissociation qui interdit, pour une très longue période, la présence des femmes dans le monde des législateurs et leur univers de croyance en la vérité politique, y compris parmi les républicains, à l'exemple de l'annotation du député jacobin Lequinio sur l'incapacité des femmes à assumer "les fatigues morales du gouvernement politique" dans le chapitre sur les femmes de son ouvrage, Les préjugés détruits, que nous reproduisons en annexe.

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La Constitution de l'an III : un républicanisme classique ?   Réplique

Par Yannick Bosc, GRHIS-Université de Rouen, IUFM de Haute-Normandie

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Ce texte préparatoire au Colloque Républicanismes et droit naturel a été présenté dans le cadre du séminaire « L'esprit des Lumières et de la Révolution » , le 16 février 2007.

Le rapprochement entre la Constitution de l'an III et le républicanisme classique est proposé par Andrew Jainchill dans un article intitulé « The Constitution of the Year III and the persistence of Classical Republicanism », publié en 2003 dans les French Historical Studies (vol.23, n°3). Il prend appui sur un texte de Keith Michael Baker qui sera au centre de mon propos : « Transformations of classical Republicanism in Eighteenth-Century France », publié en 2001 dans The Journal of Modern History (vol 73, n°1). Cette étude de Baker qui fait autorité aux Etats-Unis sur la question du républicanisme classique dans la France du XVIIIe siècle, n'a guère rencontré d'échos en France, hormis Raymonde Monnier qui en résume la thèse dans son ouvrage sur Républicanisme, patriotisme et Révolution française (2005) et indique qu'elle n'en suit pas les typologies, mais sans développer sa critique (même si au demeurant, on peut considérer l'ouvrage de Raymonde Monnier lui-même comme une réponse aux thèses de Baker).

Ces deux articles me semblent utiles pour saisir le contenu d'une réflexion, essentiellement anglo-saxonne, sur le républicanisme classique et la Révolution française, dont Keith M. Baker constate qu'elle est quasi ignorée en France, dans le sens où la république et le républicanisme y sont traités indépendamment des problématiques du républicanisme classique. En retour on pourra répondre à Keith Baker qu'il méconnaît les problématiques du droit naturel en révolution, ce qui peut s'expliquer par le fait qu'elles ne cadrent pas avec son interprétation de la Révolution française. Cependant, nous verrons que si Baker ignore la problématique révolutionnaire du droit naturel, il n'ignore en revanche pas la philosophie du droit naturel. Cette disjonction m'amène également à considérer que ces articles ont aussi l'intérêt de mettre en évidence les apories sur lesquelles débouchent les lectures de la Révolution française qui y sont proposées. Il me semble en effet que ces deux articles sont incompatibles – alors que Jainchill s'inspire de Baker – et que cette incompatibilité tient en particulier à la figure de Thomas Paine, autrement dit aux découpages des catégories politiques qui sont mises en oeuvre par les auteurs.

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Images du récit standard international : la Révolution spectacle ?   Images

Le site Wikimedia commons propose une série de 167 images de la Révolution française à la fois hétéroclite (des gravures d'époque ou plus tardives, des peintures, des photos d'objets de la période révolutionnaire, des images de textes et d'archives, etc) et convenu. Nous disposons là d'une mesure du récit standard international de la Révolution française dont le centre de gravité est, en l'état présent des documents proposés, essentiellement constitué par l'opposition monarchie/république, la répression et la guerre, la Vendée étant privilégiée. Cependant la qualité de l'image est plutôt bonne, à l'exemple de la fameuse caricature anglaise sur la mort de Marat que l'on trouve à la fois dans la version en noir et blanc et dans la version en couleur.

On trouve également des renvois vers d'autres images de la même période historique, par exemple sur les thèmes de la Bastille, de la Fête de la fédération, des Sans-culottes, etc., ainsi que toute une galerie de portraits, avec le cas notable d'une centaine d'images autour des peintures et des dessins de David. Au final donc, plusieurs centaines d'images pour la période révolutionnaire et napoléonienne.

Dans la baignoire, l’homme est nu   Actuel

Texte extrait du montage consacré par POLE NORD au « Marat assassiné » de Jacques-Louis DAVID (Musées Royaux des Beaux-Arts de Bruxelles). Voir le montage sur YouTube ou sur le site marat-jean-paul.org

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Colloque républicanismes et droit naturel   Annonces

Résumés des communications pour le colloque Républicanismes et droit naturel à l'époque moderne qui se tiendra, les 5 et 6 juin 2008, dans la salle des thèses de l'Université de Paris VII Denis Diderot, Immeuble Montréal, 103 rue de Tolbiac, 75013 Paris. Entrée libre.

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Le "croissant méditerranéen" dans la géopolitique du Directoire   Etudes

par Marc Belissa, CHISCO - Paris X Nanterre

Ce texte reprend une communication prononcée lors de la journée d’études de l’IHRF sur la Méditerranée pendant la période révolutionnaire en mai 2005. Une partie a été intégrée dans "Repenser l'ordre européen, 1795-1802. De la société des rois aux droits des nations", Paris, Kimé, 2006. Le texte présenté ici est plus développé que le chapitre correspondant dans ce dernier ouvrage.

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La « Tricoteuse » : formation d’un mythe contre-révolutionnaire   Mots

Par Dominique Godineau, CERHIO UMR 6258 Université de Rennes II

"Tricoteuses : C'est ainsi qu'on appela les femmes d'origine populaire qui suivaient en tricotant les séances de là Convention et apostrophaient les députés depuis les tribunes. Elles se trouvaient aussi sur le chemin menant à l'échafaud et participaient aux "messes rouges", trempant leurs mouchoirs dans le sang des victimes. La plus célèbre des tricoteuses est Aspasie Carlemigelli qui foula aux pieds le cadavre du député Féraud, massacré le 20 mai 1795..." (1).

"Tricoteuses : Durant la Terreur, elles s'installent, quelques unes sans doute avec leur tricot, au pied de la guillotine pour voir tomber les têtes. D'où la légende des Tricoteuses de Robespierre » (2).

"la tricoteuse" : "image fantasmatique de la femme sur laquelle la Révolution évacuait une partie de la sauvagerie dont elle se savait porteuse"..."celle qui au pied de l'échafaud se délecte avec une complète insensibilité au sanglant spectacle qui lui est offert" (3).

« Tricoteuses : terme désignant les femmes qui s’assemblent devant la guillotine ou suivent la charrette /des condamnés/ en tricotant » (4).

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Dictature : les vicissitudes d'un mot. France et Italie (XVIII et XIX siècles)   Mots

Par Cesare Vetter, Université de Trieste

Version longue en italien

Dans le lexique contemporain les mots dictateur / dictature et leurs dérivés adjectifs et adverbiaux ont une connotation négative. Dans tous les registres et dans beaucoup de langues. Dans le langage commun parlé, dans la communication politique, culturelle, télévisée et journalistique (mais souvent aussi dans la production historiographique) dictature et ses dérivés sont utilisés comme des synonymes de despotisme et tyrannie, pour supprimer toute légitimité aux personnes, aux événements, aux propositions. Ils évoquent des réactions de refus, ils véhiculent le dégoût.

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Lequinio et la narration philosophique de la mort pendant la Révolution française.   Etudes

par Jacques Guilhaumou, CNRS/UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

Dans son ouvrage sur La mort et l’Occident (1), Michel Vovelle attire notre attention sur « le partage laïc » instauré pendant la Révolution française face à l’idée de la mort. Il singularise ainsi le trajet parcouru des matérialistes, et tout particulièrement le député breton Lequinio à d’autres jacobins, tel que Robespierre, qui invoquent plus largement les droits de l'homme en la matière, et tout particulièrement le droit à l’immortalité. Ainsi, au titre d’un tel droit de l’homme, une nouvelle sensibilité « s’exprime dans les grandes liturgies de la fête funèbre ou de l’apothéose des héros morts » précise-t-il (2). Nous pouvons dire plus avant que les événements révolutionnaires qui mettent en scène la mort nous introduisent à une nouvelle philosophie.

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La longue patience du peuple   Annonces

Par Sophie Wahnich, LAIOS, CNRS-EHESS

Introduction de l'ouvrage de Sophie Wahnich, La longue patience du peuple. 1792. Naissance de la République, Paris, Payot, 2008.

la longue patience du peuple

Un désir de république, l’insu manifeste

Morts de Quatre-vingt-douze et de Quatre-vingt-treize
Qui, pâles du baiser fort de la liberté,
Calmes sous vos sabots brisiez le joug qui pèse
Sur l’âme et sur le front de toute humanité ;

Hommes extasiés et grands dans la tourmente,
Vous dont les cœurs sautaient d’amour sous les haillons,
O Soldats que la Mort a semés, noble Amante,
Pour les régénérer, dans tous les vieux sillons ;

Vous dont le sang lavait toute grandeur salie,
Morts de Valmy, Morts de Fleurus, Morts d’Italie,
O millions de Christs aux yeux sombres et doux ;

Nous vous laissions dormir avec la République
Nous courbés sous les rois comme sous une trique.
Messieurs de Cassagnac nous reparlent de vous !

Arthur Rimbaud, Mazas, 3 septembre 1870 (1)

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Les femmes entre communautés traditionnelles et associations politiques   Synthèses

Par Martine Lapied, UMR « Telemme », Université de Provence.

La démarche présentée se fonde sur des recherches menées dans le Sud-est, elle voudrait montrer comment un questionnement local, à partir d’enquêtes de terrain, permet de répondre à une problématique générale sur la place des femmes dans l’espace public, des communautés d’Ancien Régime aux associations politiques de la Révolution. Le rôle des femmes dans la vie politique locale, leur intégration dans les luttes pour le pouvoir est analysé à partir de dépouillements effectués dans les archives du Vaucluse, des Bouches-du-Rhône et des Basses Alpes.

Ces sources permettent de s’interroger successivement sur la place réelle que pouvaient occuper les femmes dans la communauté traditionnelle d’Ancien Régime ; sur les façons dont elles prennent part aux associations politiques révolutionnaires à travers les clubs de femmes, le rôle qu’on leur attribue dans les clubs mixtes, leur place dans les sections ; et enfin, sur leur place dans les réseaux contre-révolutionnaires.

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Grégoire sous la Législative : garantir la loi pour garantir la Révolution   Commentaires

Par Sandrine Bouché, ICT-Université Paris 7 Denis Diderot

Commentaire du Discours prononcé dans l’église cathédrale de Blois en présence des corps administratifs, tribunaux, garde nationale et troupes de ligne, pour Jacques Guillaume Simonneau, maire d’Etampes, assassiné le 3 mars 1792 pour avoir défendu la loi, par M. Grégoire, évêque du département de Loir-et-Cher. Ce texte a été réédité en 1977 dans le tome 4 des Œuvres de l’Abbé Grégoire rassemblées par Albert Soboul aux éditions Edhis. L’édition originale publiée en 1792 est disponible sur le site Gallica de la BNF

Grégoire prononce ce discours dans la cathédrale de Blois en tant qu’évêque. Depuis son élection en février 1791, il profite de cette fonction pour multiplier les lettres pastorales comme autant de tribunes dédiées à la voix de la révolution. Ce discours prononcé à l’occasion d’une cérémonie d’hommage funèbre est le premier des deux que nous lui connaissions en tant qu’évêque, le second étant celui en hommage aux morts du 10 août 1792. Grégoire s’adresse à un auditoire éclectique de personnalités locales des corps administratifs, judiciaires et militaires (1). Il fait l’éloge de Simonneau, le maire d’Etampes, une commune distante d’environ 130 km de Blois, tué le 3 mars 1792 lors d’une émeute populaire réclamant la taxation des denrées. Depuis le mois de février 1792, la Beauce était en proie à des émeutes sur les marchés et de taxations populaires liées à l’instauration de la liberté illimitée du commerce par le décret de l’Assemblée constituante du 29 août 1789 (2). L’inflation des prix de toutes les denrées alimentaires due à leur rareté et surtout à une spéculation financière sur celles-ci, déclencha des émeutes populaires pour mettre en vigueur la taxation. À Etampes, un des plus grands marchés de la Beauce, Simonneau voulut résister à des paysans venus taxer les denrées. Il proclama la loi martiale, une rixe éclata et il fut tué de deux coups de fusils (3).

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La Révolution française et l’intelligence politique de l’héritage historique : les objets patrimoniaux.   Recensions

par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », CNRS/ENS/LSH

Au cours des années 1990, deux périodes ont été privilégiées dans le renouvellement de nos connaissances sur l’histoire du patrimoine, la Révolution française et le premier XIXème siècle. L’enjeu historiographique, ainsi que le soulignent Philippe Poirier et Louis Vadelorgue (2003) dans un ouvrage collectif, consiste alors à comprendre comment conscience et politique du patrimoine émergent au cours des années 1780-1810 dans la lignée de la formation de l’espace public. Cependant, au-delà de cet apport collectif et de l’ouvrage bien informé d’Edouard Pommier (1991), la perspective la plus novatrice est le fait de Dominique Poulot (1996, 1997, 2006) qui nous propose une vue d’ensemble de la manière dont la Révolution française met en place « l’intelligence de l’héritage historique » par une exploration minutieuse des objets patrimoniaux, de leur « futur passé » (Reinhart Koselleck), au cours d’un moment particulièrement dense d’intégration du passé national.

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Colloque républicanismes et droit naturel, 5 et 6 juin 2008   Annonces

colloque républicanismes et droit naturel

Depuis la parution des principaux travaux de Caroline Robbins (The Eighteenth Century Commonwealthmen, 1958), de Zera Fink, (The Classical Republicans…, 1962), de John G. A. Pocock (The Machiavelian Moment. Florentine Political thought and the Atlantic Republican Tradition, 1975, traduit en 1997) et de Quentin Skinner (The Foundations of Modern Political Thought, 1978, en français en 2001) pour ne citer que les plus célèbres, de nombreux historiens ont labouré le champ de l‘histoire des idées politiques à la recherche des continuités dans la tradition du républicanisme dit "classique" et/ou de "l’humanisme civique".

A partir de ces recherches, des philosophes politiques comme Philip Pettit ou Jean-Fabien Spitz ont également interrogé cette tradition. Les questionnements actuels sur ce qu’il est convenu d’appeler la "crise de la démocratie" ne sont pas étrangers à cet intérêt renouvelé. Ces philosophes n’hésitent pas à revenir aux origines historiques du républicanisme pour y puiser les éléments de réflexion leur permettant de concevoir un nouveau républicanisme social et démocratique fondé sur une conception de la liberté comme "non-domination".

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Les mots de Marat   Mots

par Agnès Steuckardt, Université de Provence

La Révolution française, en ouvrant l’espace politique à l’ensemble des locuteurs français, a changé leurs pratiques discursives et, conjointement, leur langue même, et plus particulièrement son lexique. Le débat politique public et la presse d’opinion ont, au cours de la période révolutionnaire, élaboré leurs usages linguistiques. Quelle part Marat a-t-il prise à cette révolution linguistique ? La lecture de L’Ami du peuple, assistée par les moyens que fournit le traitement automatique du vocabulaire (1), permet de suivre au jour le jour les mutations qui s’accomplissent dans et par ce discours, et qui construisent, pendant la période 1789-1792, une première manière de la langue politique en français. On dégagera dans un premier temps les conditions qui président à la production du discours de Marat, pour en venir ensuite à sa contribution au renouvellement du lexique politique.

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Marseille révolutionnaire (1787-an II). L'expérience du républicanisme   Dossiers

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, Université de Lyon, ENS-LSH Lyon

Suite à la publication en 1992 de notre ouvrage sur Marseille républicaine (1791-1793) - Paris, Presses de Sciences Po - ce dossier rend compte en partie de l'actualisation au fil des années de nos recherches sur Marseille en révolution, soit par des synthèses, soit par de nouvelles études, soit par la publication de documents. Nous y avons ajouté une chronologie jusqu'en l'an II.

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Souveraineté et pouvoir local: expérimenter la démocratie à Marseille (1789-1794)   Etudes

Un pouvoir communicationnel (2)

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

" Unité de la république d'une part, gouvernement fédératif de l'autre: voilà le champ de bataille du jour et les grands mots dont on étourdit le peuple qui, heureusement pour lui, n'y comprend rien. On cherche par tous les moyens à lui faire un monstre de ce mot fédéralisme (…) Dans l'idiome de ses Messieurs unité républicaine est le synonyme de la tyrannie de Paris. Mais cette tyrannie, comme toutes les autres, disparaîtra devant le souffle du génie de la liberté. Il faut que Marseille soit la soeur et non la sujette de Paris " (Journal Français du 25 novembre 1792)

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Marat   Dossiers

La rubrique Dossiers propose sur un événement, un thème et/ou un acteur majeur de la Révolution française une liste raisonnée et réactualisée de liens vers des articles et des renvois en ligne dispersés dans différentes rubriques du site.

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Marat, observateur critique des Jacobins marseillais en 1793   Textes

Marat publie, dans le Journal de la République française à la date du 20 février 1793, un texte émanant de la section 21 de Marseille, dont il souligne les sentiments civiques, tout en s’opposant à la mesure préconisée par les sectionnaires marseillais : compte tenu d’une forte opposition girondine aux Montagnards, ces patriotes proposent de proclamer que la mission de la Convention est finie, ce qui provoquerait l’élection d’une nouvelle Convention. Marat critique donc cette adresse, tout en l’attribuant (de façon fictive) à plusieurs auteurs, jacobins bien sûr. Après avoir précisé dans quel contexte se met en place cette adresse et ce qu'il en est plus précisément de sa localisation initiale, donc de son auteur, nous reproduisons l'adresse de la section 21, accompagnée des Observations de l'Ami du Peuple.

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Marat : trois versions d'un meurtre   Enseignement

Par Patrick Garcia, IUFM de Versailles

Le 13 juillet 1793, Marat est assassiné par Charlotte Corday, une jeune fille âgée de 25 ans, issue de la petite noblesse normande et proche des Girondins. Aussitôt, Marat est considéré comme un martyr de la Révolution et son corps transféré au Panthéon. Le juste, épris de vérité, L'Ami du peuple - selon le titre de son journal - le martyr de la liberté, tel est le Marat que David choisit de représenter. Mais Marat n'est pas, loin s'en faut, une figure consensuelle. Associé à la Terreur, à laquelle il ne cesse d'appeler, sa dépouille est retirée du Panthéon aux lendemains de la chute de Robespierre. Commence alors un combat autour de la mémoire de Marat qui se noue en variations sur la représentation inaugurale de David.

Lire la suite sur le site de l'IUFM de Versailles

Les comités de surveillance en l’an II, lieux d'expression des conflits de la commune.   Etudes

par Jacques GUILHAUMOU, UMR « Triangle », ENS-LSH Lyon, et Martine LAPIED, UMR « Telemme » , MMSH Aix-en-Provence.

Avec la Révolution, l’expression de la conflictualité devient essentiellement politique, tout en recouvrant des antagonismes précédemment exprimés dans les communes, qu’il s’agisse de luttes de clans pour le pouvoir municipal ou d’affrontements sociaux. Le gouvernement révolutionnaire de l'an II constitue un moment d’institutionnalisation où la politique de terreur permet de structurer la conflictualité. Les comités de surveillance sont un des organes essentiels de la politique de salut public : il s’agit d’organes d’exception, institutionnalisés par le gouvernement révolutionnaire en réponse à une demande collective. Ils visent donc à empêcher la conflictualité découlant du refus du nouvel ordre établi en créant une violence institutionnelle qui se veut fondatrice de ce nouvel ordre.

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Exposé historique des écrits de Sieyes.   Textes

Présentation et notes par Pierre-Yves Quiviger, Nosophi (GES), Université de Paris I

Voici le faible portrait d’un publiciste célèbre, ébauché par une main timide, avec des couleurs recueillis sur la palette de ce même écrivain. Cet ouvrage n’est pas le fruit des circonstances actuelles ; mais entraîné par l’intérêt qu’elles présentent, on allait le rendre public, lorsque les journaux nous apprirent, qu’une autre plume venait d’ériger à Sieyes un semblable monument. Tout nous annonçait, de la part de l’Auteur, des intentions bonnes, un but honnête ; nous le jugions sur la conscience de nos propres sentimens. Néanmoins, à peine son livre avait-il vu le jour, qu’aussitôt une espèce d’anathême parut vouloir l’anéantir. Il est donc quelquefois plus dangereux de louer que de médire, puisque l’histoire porte ici la peine, qui ne devrait être réservée qu’à la calomnie.

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Analyse d’énoncés : Marat est mort (13 juillet 1793) /Marat n'est pas mort (l6 juillet 1793)   Mots

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Notre analyse de l'événement « Mort de Marat », présentée de manière succincte sur le présent site a été effectuée dans une période, les années 1980, marquée par un élargissement de notre domaine d'investigation d’historien du discours (1). A ses débuts, l'analyse de discours s'intéressait presque exclusivement à des discours doctrinaux, donc fortement argumentés. Ses interrogations du côté de l'histoire s'étendent désormais aux réalisations discursives du savoir social les plus diverses, donc à la totalité des énoncés historiquement attestés. Soucieux de promouvoir une histoire sociale des textes, l'historien du discours n’a donc cessé de complexifier sa démarche. Le temps de la simple confrontation entre des analyses paraphrastiques en corpus et des jugements de savoir extratextuels – ce qu’on appelle les conditions de production - est bien révolu. Il s'agit désormais d'articuler la description textuelle d'un événement à un ou plusieurs moments de corpus (2).

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Marat : qu'est-ce qu'un ordre juste ?   Textes

Dans cet extrait du Plan de législation criminelle (1780), Jean-Paul Marat recherche ce que doit être une législation juste, en quoi consiste le respect de la loi, et conclut en soulignant qu'un ordre social n'est pas un ordre policier.

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La Révolution française et la rupture des Temps modernes   Synthèses

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH, Lyon

Tout au long de l’histoire, des réseaux de croyance se constituent autour de traditions novatrices dont chaque individu hérite avec la possibilité de les étendre, les modifier voire les rejeter. Tel est le cas des traditions politiques émancipatrices mises en place pendant les Temps modernes (16ème-18ème siècles). Entre humanisme, civisme, artificialisme, républicanisme, et sous l’égide des valeurs de liberté et d’égalité, la rupture historique de la modernité politique fait alors signe vers la formation européenne de la Nation, avec un temps fort, le moment de radicalité propre à la Révolution française.

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Néologismes en temps de Révolution   Mots

Fiction carnavalesque

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Parmi les milliers de mécontents que la révolution a suscités, un homme très honnête voit et ne veut voir que les effets de l’anarchie ou plutôt de la panarchie, c’est-à-dire de la législation de tous (1). Mais, soucieux d’en savoir plus, il se rend à Paris de sa Province méridionale pour rencontrer d’honnêtes gens et lire de bons journaux. Suivons les flâneries burlesques à travers Paris de cet aristocruche (2) qui ne connaît que des principes inconstitutionnels et mimonarchiques (3). Ne confond-t-il pas les vrais, ardents et utiles patriotes avec les têtes exaltées par des idées fausses, vagues, exagérées, inconsistantes, associant alors à la confusion des idées l’abus des mots (4) ? Son imagination ne trouve-t-elle pas dans ce séjour une raison singulière de s’échauffer, ne lui inspire-t-elle pas une foule d’idées, que nous croyons ne pas devoir laisser échapper au lecteur, aussi burlesques soient-elles ?

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La République et le républicanisme polonais, modèles ou contre-modèles des Lumières ?   Etudes

Par Marc BELISSA Paris X Nanterre - CHISCO

Cette étude est une première ébauche d'une introduction pour une nouvelle édition des textes de Mably sur la Pologne à paraître prochainement aux éditions Kimé. Elle a été présentée lors du séminaire L'esprit des Lumières et de la Révolution le 19 janvier 2007.

La république et le républicanisme ne sont pas au XVIIIe siècle seulement des « traditions » et des sujets de dissertation pour collégiens lecteurs de Tacite et de Cicéron. Il existe dans l’Europe moderne un certain nombre d’États républicains dont l’expérience pratique contribue à former la pensée politique des Lumières. Ces républiques modernes sont des objets complexes et qui ne laissent pas facilement enfermer dans les catégories politiques actuelles. Dans un texte de 1762, Stanislas Leczynski, le roi détrôné de Pologne, et lui-même penseur du républicanisme polonais, fait la liste des États républicains de son temps, il distingue l’Angleterre, la Hollande, la Suède, la Pologne, Venise, les Cantons suisses et Gênes. Dans cette liste qui peut paraître étonnante, il existe au moins trois États couramment présentés comme des monarchies : l’Angleterre, la Suède et la Pologne. Pour Leczynski, comme pour beaucoup d’autres commentateurs, ces États sont pourtant des républiques, car le pouvoir royal y est très limité et la souveraineté n’y est pas exclusivement monarchique (1). S’il n’est pas nécessaire de rappeler l’importance du modèle anglais dans la pensée des Lumières et si l’on connaît l’intérêt de Mably pour la Suède, on sait moins que la Pologne est également présente dans le débat sur la République en Europe occidentale.

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La Révolution française au pays des trains fantômes   Actuel

Par Sophie Wahnich, LAIOS, CNRS.

"On a beaucoup parlé de la hauteur de la Révolution, il fut des peuples libres qui tombèrent de plus haut". ( Saint-Just)

1. En 1938, Jean Renoir achève le film sur la révolution française commandée par la CGT. La Marseillaise s’ouvrait sur l’iniquité d’un procès fait à un braconnier, décrivait la dynamique qui avait conduit à la chute de la monarchie et se refermait sur l’inachèvement d’une histoire d’amour : celle d’un peuple pour la liberté. Deux ans plus tard la Marseillaise est le chant patriotique des résistants français.

2. En 1983, Wajda le cinéaste polonais de l’homme de fer, réalise un Danton qui s’ouvre sur la guillotine, la pluie et la violence sadique infligée à un enfant qui apprend la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. Le film s’achève sur une guillotine détrempée du sang de Danton, et sur la voix tremblotante de l’enfant disant son compliment à Robespierre. Cette voix finit par se perdre. En 2004, la Pologne entre dans l’Europe élargie sans savoir quelles valeurs elle partage avec les autres pays européens. En 2006, elle réclame le rétablissement de la peine de mort comme horizon d’avenir pour l’ensemble des pays d’Europe.

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A proposito di felicità, rivoluzione francese, banche dati e linguistica computazionale.   Epistémologie

Par Cesare Vetter, Università di Trieste

Traduction française (pdf) - English translation (pdf)

Fin dalla metà degli anni Novanta ho aperto – presso il Dipartimento di Storia dell’Università di Trieste – un cantiere di lavoro sull’idea di felicità nel XVIII e XIX secolo. Un cantiere di lavoro che comprende ricerche mie personali, discussioni con i colleghi, confronti con gli studenti nell’attività didattica e un ampio e organico piano di tesi di laurea. L’analisi dell’idea di felicità incrocia le problematiche affrontate in precedenti lavori. Integra e per molti versi arricchisce la riflessione sulla dittatura (1) . È mio fermo convincimento che la nozione di felicità è terreno privilegiato – e finora non sufficientemente frequentato – per ricostruire i percorsi del pensiero e dell’iniziativa politica in età moderna e contemporanea. Anche per la nozione di felicità – così come per altre grandi questioni dell’Ottocento e del Novecento – la rivoluzione francese costituisce snodo essenziale.

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Les récits de la pompe funèbre de Marat le 16 juillet 1793   Textes

La quasi-totalité de la presse parisienne rend compte du déroulement de la pompe funèbre de Marat qui se déroule du 16 juillet 1793 à 18h au 17 juillet à 2h du matin. Mais, de fait, seuls trois récits servent de modèles à l'ensemble de la presse : Le « Détail de la pompe funèbre qui a eu lieu hier, 16 juillet, pour les obsèques de Marat » ("Le Scrutateur Universel" du 17 juillet) ; « Paris le 17 juillet... Hier, on fit les obsèques de Marat... » ("Courrier de l 'Egalité" du 18 juillet) ; « Commune de Paris du 17 juillet – Rapport des obsèques de Marat du 16 juillet au soir » ("Feuille de Salut public" du 19 Juillet). Ce sont ces trois récits que nous reproduisons présentement.

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L'esprit de Marat   En ligne

Un blog, L'Ami du Peuple animé par un « collectif de rédacteurs indépendants engagés d'Ile de France » et « créé en la mémoire de Marat, créateur de ce journal de la Révolution française », a été ouvert sur le Web depuis quelques mois. A travers la personne de Marat, il s’agit de défendre des idéaux de justice et d'humanité.

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La Terreur   Dossiers

La rubrique Dossiers propose sur un événement, un thème et/ou un acteur majeur de la Révolution française une liste raisonnée et réactualisée de liens vers des articles et des renvois en ligne dispersés dans différentes rubriques du site.

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« La terreur à l’ordre du jour » : un parcours en révolution (1793-1794).   Mots

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS-LSH Lyon

Dans la gamme diversifiée des travaux lexico-sémantiques sur les discours de la Révolution française, les études d’Annie Geffroy (1) et de Gerd van den Heuvel (2) retracent l’histoire du mot terreur pendant la décennie révolutionnaire. L’analyse de discours ouvre à une approche plus événementielle et plus historique des usages de ce mot en se centrant présentement sur l’émergence de l’expression « la terreur à l’ordre du jour » le 30 août 1793 au Club des Jacobins, et sur son devenir jusqu’à la première défaite du mouvement populaire avec l’arrestation des dirigeants cordeliers en mars 1794. Nous nous proposons donc de préciser le contexte discursif de formation de cette expression pendant l’été 1793, puis de suivre sa propagation au cours l’automne 1793 et de l’hiver 1793-1794 en essayant dans le même temps d’en situer les enjeux politiques.

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La dénonciation chez Marat   Editions

Par Emilie Brémond-Poulle, Université Paris VII-Denis Diderot

Introduction de l'ouvrage d'Emilie Brémond-Poulle, La dénonciation chez Marat (1789-1791), Révolution Française.net Editions, 279 pages, l'ouvrage est à lire en intégralité en pdf.

couverture Brémond la dénonciation chez marat

Chaque personnage un tant soit peu célèbre de la Révolution française a hérité d’une réputation, d’un mythe. C’est dire que son nom seul suffit à susciter l’effroi ou, au contraire, l’admiration. Ainsi, si l’on parle de Robespierre « l’incorruptible », de Danton « le vénal », de Mirabeau « l’orateur » ou même de Saint-Just « l'ange exterminateur » ou « l’idéaliste », on évoque Marat « le sanguinaire », « celui qui a été tué dans sa baignoire ». Bien sûr, certaines personnes sont capables de resituer son action de journaliste, mais c’est quand même cette image négative qui l’emporte. Marat, comme beaucoup d’hommes de la Révolution française, est à la fois méconnu et célèbre.

Jean-Paul Marat est né en Suisse, à Boudry dans la principauté de Neuchâtel, le 24 mai 1743. Son père Jean Mara était un prêtre mercédaire d’origine Sarde. Ayant quitté ses fonctions suite à une affaire politico-religieuse, il trouva refuge à Genève. Il se rallie alors au calvinisme et devient dessinateur. Il épouse Louise Cabrol, une jeune femme d’origine française en mars 1741. Ils eurent neuf enfants, Jean-Paul étant le second. Il étudia au Collège de Neuchâtel et quitta sa famille à l’age de 16 ans. Il devint ensuite précepteur du fils d’un négociant de Bordeaux, pendant deux ans. Puis il rejoint Paris (entre 1762 et 1765) où il complète ses études. Il s’initie à la médecine et la philosophie, mais il n’y a pas de trace de diplôme. En 1765, il part pour l’Angleterre et s’y installe dix ans. Il vit tout d’abord à Londres, où il est médecin, puis à Newcastle. Il reçoit son diplôme de médecine à Londres, en 1775, et publie quelques articles sur des sujets médicaux. Cependant, il n’a pas cessé de s’intéresser à la philosophie et à la littérature. Ainsi, en 1775, il est déjà l’auteur de quelques essais et d’un roman. En 1770, il écrit Les aventures du jeunes comte Potowski. L’ouvrage ne fut jamais publié de son vivant. C’est une première tentative. Puis, en 1773, il publie A Philosophical Essay on Man, mais clandestinement. Il ne le traduira en français qu’en 1775. Toutefois, le texte de référence du Marat de ces années là est bien The chains of slavery, publié à Londres en 1774. Le contenu en est éminemment politique. En se basant sur des exemples historiques, il montre comment les despotes accentuent sans cesse leur emprise sur les peuples. Marat a ainsi, simultanément, une activité de médecin, de philosophe et de théoricien politique.

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Le civisme à l'épreuve de la Révolution française   Notions

par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Confrontée au « nouvel ordre de choses » qui renvoie à la toute puissance d’une nation française une et indivisible, la génération des hommes de la Révolution française invente à sa manière le civisme en le définissant. Mais elle est tout autant prise dans ses limites, en particulier du fait des exclusions partielles instaurées par le nouvel ordre politique au sein d'une part importante de la population, les citoyennes en premier lieu. S’il convient donc de préciser le contexte philosophique du civisme révolutionnaire, il importe tout autant d’insérer une telle élucidation théorique dans un trajet discursif où l’acte de civisme relève de diverses conventions, pratiques et rituels aux effets diversifiés, voire contradictoires (1).

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Configurer l'actualité d'un événement : la mort de Marat.   Annonces

par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS-LSH Lyon

Guilhaumou discours et evenement

Dans un précédent ouvrage sur 1793. La mort de Marat, nous avons déjà décrit en détail la manière dont se déroulent l’assassinat de Marat par Charlotte Corday le 13 juillet 1793, puis sa pompe funèbre le 16 juillet, montrant ainsi que la mort de Marat n'est pas un simple préambule au culte du martyr de la liberté, sans insister vraiment sur l’actualité de cet événement, sa valeur de signe historique de l’émancipation. Certes, dans un premier temps, il s’agit bien d’un événement majeur de la Révolution française, sans doute par son caractère exemplaire de mort sacrée, mais aussi et surtout par le fait qu’il enclenche le processus de mise à l’ordre du jour de la terreur, si significatif de la puissance du mouvement révolutionnaire pendant l’été et l’automne 1793. Mais, dans un second temps, la description succincte de sa dimension originale d’expérience esthétique nous permet d'appréhender une part de la mesure de la destination humaine, présentement la forme de grandeur sublime à laquelle sont appelés les citoyens lorsqu'ils agissent politiquement et souffrent socialement. En effet, Marat n’est pas simplement devenu glorieux par sa mort, puisqu’il demeure, au terme d’un trajet vers le sublime que nous allons décrire, vivant par son image et son nom. Donc il continue à marquer l’espace politique de la Révolution française, après sa mort, de sa présence agissante et à y témoigner de la souffrance sociale, au titre principal de sa nature héroïque.

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David et la Grande Révolution de 2014   Actuel

Par Raphaël Julliard, concepteur de la chapelle temporaire pour une révolution à venir

Le 12 janvier 2007 aura lieu à Lyon l'inauguration d'une chapelle temporaire pour une révolution à venir. Située dans un espace d'exposition dédié à l'art contemporain, la BF15, sur la place des Terreaux, elle tentera de mettre en place une mythologie basée sur un principe de déterminisme historique pour la seconde moitié du XXème siècle. Une alternance, tous les 23 ans, de fin de guerres et d'événements à caractère révolutionnaire: les bombes en 1945 au Japon; mai 1968; la fin de la guerre froide avec la chute de l'URSS en 1991. Puis 23 ans plus tard, en 2014, le prochain retournement historique. Le projet sur la possibilité de l'avènement d'une révolution en l'an 2014 à commencé par la consultation de documents dans plusieurs domaines : histoire, bien sûr, mais aussi, philosophie, sociologie et histoire de l'art. Dans un premier temps, l'attention c'est portée sur l'autre grande révolution, politique en premier lieu, celle qui fait modèle ou archétype pour celles qui ont suivi, la Révolution française. En cherchant pour cette période, tout au long de ces événements, les liens entre art et révolution, la figure et l'oeuvre de Jacques-Louis David étaient inévitables.

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La Liberté ou la Mort. Essai sur la Terreur et le terrorisme   Recensions

A propos du livre de Sophie Wahnich, La Liberté ou la Mort. Essai sur la Terreur et le terrorisme, Paris, Éditions de la Fabrique, 2003.

Sophie Wahnich Vivre libre Terreur

Par Marc Bélissa, Université Paris X-Nanterre.

L’ouvrage de Sophie Wahnich part d’une constatation : la Révolution française est devenue "une figure de l’intolérable politique" (p. 11). La représentation qui s’impose de l’événement révolutionnaire est marquée par le "dégoût pour les crimes politiques du XXe siècle" et par "l’idéalisation du modèle démocratique actuel". La Révolution française constituerait en somme "l’autre de la démocratie" (p. 16). Au cœur de cette construction : la Terreur. Contre une interprétation qui la considère comme une simple justification "utilitaire" de l’élimination des ennemis de la liberté, Sophie Wahnich interroge l’événement et la notion à l’aide des concepts anthropologiques de "sacré" et de "vengeance" puisés chez R. Verdier et D. Vidal. En quatre courts chapitres, Sophie Wahnich entend répondre à la question "comment l’effroi imprimé aux révolutionnaires par leurs ennemis a-t-il été surmonté et transmuté en demande de terreur" mais aussi pourquoi cette demande a-t-elle été entendue ? et enfin, que s’agissait-il de fonder par la Terreur ?

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Les travaux de l'association POLE NORD sur Jean-Paul Marat   Annonces

oeuvre de Marat Pole Nord

Par Charlotte Goëtz, association POLE NORD, éditrice des oeuvres politiques de Marat

Les éditions de l’association sans but lucratif POLE NORD de Bruxelles ont produit, depuis 1989, un ensemble de publications sur Jean-Paul Marat, médecin, scientifique et homme politique. Cette initiative procède du souci de faire connaître, dans son intégralité comme dans son intégrité, un courant encore mal identifié de l’époque révolutionnaire.

Après la parution, en 2006, des deux Chantiers « Plume de Marat » et « Plumes sur Marat », bibliographie en dynamique sur Jean-Paul Marat, chercheurs, historiens et amateurs du monde entier ont transmis à POLE NORD de nombreuses références complémentaires. A partir de janvier 2008, POLE NORD offre ces nouvelles informations sur son site. L’association y publie aussi les activités et divers articles consacrés à Marat.

Dans la livraison : compléments 2008 - 42 pages en pdf -, on découvre aussi quelques chapitres qui n’avaient pas pu trouver place dans les « Chantiers » : - Marat (et Corday) en chansons, chants, hymnes - Marat en images, Marat dans les arts plastiques - Marat (et Corday) dans la littérature - Marat (et Corday) au théâtre, à l’opéra, au cinéma.

Jacobinisme et marxisme. Le libéralisme politique en débat.   Notions

par Jacques Guilhaumou, CNRS/UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

La tradition marxiste, du Jeune Marx à Gramsci, s’est constamment interrogée sur le sens intégral, donc positif, de la notion de jacobinisme, tant sur le plan historique que conceptuel (Guilhaumou, 1985). Les historiens actuels se sont plutôt intéressés à « la fortune et l’infortune » du mot de jacobin auquel s’attache une forte connotation négative ou positive (Ozouf, 1984). Le lexicologue précise pour sa part que l’entrée en politique de jacobin en 1790 se fait dans le cadre d’une association polémique, au sein la presse de droite, qui permet de stigmatiser le club des Jacobins comme extrémiste (Geffroy, 1997). Ainsi le terme de jacobinisme est présent en 1791 dans un quotidien royaliste à succès, le Journal de la Cour et de la Ville. Peu enclins à user abondamment d’un terme de la réaction antirévolutionnaire, les historiens progressistes de la Révolution française, de Jean Jaurès à Albert Soboul, ont, dans le même temps pris leur distance avec le qualificatif d’historien marxiste. Dans son dernier entretien, Albert Soboul (1987) précise: « Je ne pense pas qu’il y ait une histoire marxiste et une histoire qui ne le soit pas ». Il y a l’Histoire tout court ». Sans doute, l’Histoire tout court est marxiste à ses yeux lorsqu’il précise : « Je proteste contre le discrédit auquel on a voué le marxisme à l’heure actuelle et qui, à mon avis, ne s’adresse qu’à un marxisme fermé, dogmatique et sectaire ». Cependant il n’en reste pas moins que les historiens progressistes de la Révolution française refusent d’opposer la méthode marxiste à la méthode de l’historien. Ils considèrent le marxisme seulement comme une méthode critique de recherche et de réflexion, positionnée en complément de la méthode de l’historien.

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Laconisme et abondance : deux modèles pour le discours révolutionnaire   Mots

par Agnès Steuckardt, Laboratoire "Parole et langage", Université de Provence (Aix-Marseille I).

La présente contribution ouvre le débat sur les modèles qui présidaient, pendant la Révolution française, à l’élaboration du discours. Alors que, comme l’ont souligné à juste titre les synthèses les plus récentes, les révolutionnaires ont beaucoup décrié les séductions rhétoriques et se sont volontiers réclamés du laconisme, ils n’ont pas, à l’évidence, renoncé à l’abondance de l’éloquence. Cette pratique, apparemment contradictoire avec leur modèle théorique, n’est pas sans avoir fait elle-même l’objet d’un discours métadiscursif avant et pendant la Révolution. Les deux modèles, laconisme et abondance, semblent en fait coexister ; les modalités de leur articulation nous sont suggérées par certains passages de ces textes métadiscursifs, qui, en même temps qu’ils prônent un certain style d’expression, indiquent à quelle situation de parole il convient : si le laconisme caractérise la parole de celui qui détient l’autorité, les développements abondants semblent demeurer nécessaires à celui qui cherche à la conquérir.

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Un parcours notionnel : patrie, patriotisme.   Mots

par Jacques Guilhaumou et Raymonde Monnier, CNRS.

dictionnaire usages socio politiques Guilhaumou Monnier

Le huitième fascicule du Dictionnaire des usages socio-politiques (1770-1815), dont nous présentons l'introduction (1), s’inscrit résolument, par son choix thématique, dans une perspective d’histoire des concepts aux enjeux précisés par ailleurs (2). Il procède de la rencontre entre des chercheurs de diverses disciplines sur le terrain d’une notion-clé, la patrie. Il importe de préciser d’emblée que le meilleur moyen d’appréhender le déploiement d’un concept dans son historicité est d’éviter toute approche analytique sur la base d’une modélisation a priori de ses formes d’expression. S’agissant d’une notion-concept profondément ancrée dans la culture politique, il convient d’en cerner les usages et les significations conjoints à partir d’une série ouverte de questions : Peut-on parler d’un patriotisme monarchique et aristocratique avant la Révolution française ? Comment évolue le terme de patriote avant de devenir synonyme de révolutionnaire ? Quelles sont les traditions civiques, esthétiques et éthiques dans lesquelles s’actualise la référence à la patrie ? Comment appréhender la question morale au contact de l’apparition d’une science des mœurs ? Qu’en est-il du renouveau patriotique en 1789 par rapport à la formation d’une nation libre ? Comment se manifeste la passion patriotique tout au long de la Révolution française ?

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Les classiques des sciences sociales et la Révolution française   Outils

logo publication en ligne sciences sociales Le site « Les classiques des sciences sociales », sous la responsabilité du sociologue Jean-Marie Tremblay constitue un outil exceptionnel d’investigation tant sur les auteurs classiques, que sur les sciences sociales contemporaines et la méthodologie en sciences sociales, dont on connaît l’influence constante, génération après génération, sur les historiens de la Révolution française.

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Contre nous de la tyrannie... Des relations idéologiques entre Lumières et Révolution   En ligne

par Josiane Boulad-Ayoub, professeur titulaire de philosophie à l'UQUAM

La célèbre devise de la Révolution qui s’imposera partout, des premières lignes de la Déclaration des droits aux bannières de la république naissante, en passant par les projets de décors ou de costumes de David, les cartes à jouer ou les estampes populaires, a d’abord été découpée dans le Contrat social, dans l’Émile ou dans les articles de l’Encyclopédie par les Marat, les Robespierre, et les Desmoulins. Les composantes maîtresses du discours philosophique ont formé la base doctrinaire de leurs harangues révolutionnaires qui, jour après jour, répétaient au peuple l’évangile théorique contenu dans des livres bien trop savants ou bien trop chers pour lui. C’est par ces interprètes, journalistes, médecins ou avocats que les paroles de Voltaire, de Rousseau, de Diderot et de d’Holbach ont été révélées aux simples soldats de la Révolution. Ainsi explicitée, adaptée, transformée, la Philosophie a pu servir de garant aux idées et aux valeurs que la Démocratie française propageait sur toute l’Europe, et qui, au nom des lois de la République une et indivisible, au nom de la liberté, de l’égalité, et de la fraternité, faisait trembler les tyrans sur les champs de bataille ou, chez elle, guillotinait le roi.

Extrait de l’introduction de l’ouvrage de Josiane Boulad-Ayoub, Contre nous de la tyrannie…Des relations idéologiques entre Lumières et Révolution publié en 1989, désormais disponible sur le Web par les soins de Jean-Marie Tremblay. Nous trouvons aussi sur le Web le numéro spécial des Etudes françaises, volume 25, 2-3 (1989) que Josiane Boulad-Ayoub a dirigé sur L’esprit de la Révolution.

Marat assassiné   Actuel

dessin plantu Marat














Dessin de Plantu publié dans Le Monde du 24 mai 2006, reproduit avec l'aimable autorisation de l'auteur.

Dans le Canard enchaîné du 21 juin 2006 cette brève : « Auteur d'un tout récent 1788, essai sur la mal-démocratie, l'ancien ministre et toujours radical de gauche Roger-Gérard Schwartzenberg développe sa comparaison dans diverses interviews, et notamment dans Le Parisien (17/6) : "Villepin est dans la position d'indifférence aux attentes populaires que pouvait incarner Marie-Antoinette en 1788". Ce qui promet pour l'avenir - et pour la tête - de notre Premier ministre. Que le grand Indifférent n'en profite pas pour penser qu'il fera, lui aussi, l'objet d'un film à grand spectacle -et d'une pelletée de bouquins- dans 218 ans.»
















Le républicanisme avant la République. François Robert et le cercle du Mercure national   Annonces

Par Raymonde Monnier, CNRS.

Couverture du livre de Raymonde Monnier Extrait du chapitre 6 de Républicanisme, patriotisme et Révolution française, Paris, L’Harmattan, collection Logiques historiques, 2005, 360 p., auquel il convient de se reporter pour les références érudites.

La liberté d’expression et l’explosion de la presse aux premières heures de la révolution donnent naissance à une sphère démocratique de discussion où chacun s’autorise à donner son opinion sur la politique et les sujets d’intérêt général. L’essor de la presse quotidienne met la population parisienne au centre d’une révolution de l’information et de la communication, dans un espace symboliquement remodelé par l’installation du roi et de l’Assemblée à Paris. Avec le développement de la presse d’opinion dans les dernières années de l’ancien régime, la révolution donne naissance à une nouvelle figure du journaliste, le « journaliste patriote ». Dans un processus d’identification à une figure exemplaire, au nom d’une éthique de la vérité et de la justice, le journaliste auteur assume non seulement une fonction d’information, mais encore une fonction critique, voire une magistrature civique et participe d’un nouveau pouvoir (1).

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Institutions civiles et Terreur   Synthèses

Par Françoise Brunel, Université de Paris I – Panthéon-Sorbonne.

Cette contribution prend le risque de s’inscrire aux marges de la tradition historiographique classique. Ce sont, en effet, les rapports entre politique et esthétique qui seront abordés par l’évocation rapide de quelques textes officiels de l’an II. Telle approche peut surprendre, tant elle s’éloigne de deux voies interprétatives majeures : un Gouvernement révolutionnaire dégénérant en « violence d’Etat » (Albert Soboul), ou bien « l’abdication de la liberté sous la pression de la nécessité » (Hannah Arendt). Ce qui semble se perdre dans ces deux analyses, c’est le difficile enchevêtrement de la révolution comment et de la révolution pourquoi, de la politique et du programme, du devoir-faire et du devoir-être. Aussi la lecture ici tentée fera-t-elle retour à quelques textes majeurs, aventure relayée par les réflexions dans le domaine des stratégies langagières en analyse de discours (1).

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Centralisme ''jacobin'', vraiment ?   Notions

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot.

"Abusés par les mots, les hommes n'ont pas horreur des choses les plus infâmes décorées de beaux noms ; et ils ont horreur des choses les plus louables, décriées par des noms odieux. Aussi, l'artifice ordinaire des cabinets est-il d'égarer les peuples en pervertissant le sens des mots, et souvent des hommes de lettres avilis ont l'infamie de se charger de ce coupable emploi." Jean-Paul Marat, The Chains of Slavery, London, 1774, Les chaînes de l'esclavage, Paris, 1792, rééd., Bruxelles, Pôle Nord, 1995.

Avec quoi peut-on penser ? Sans doute avec des mots et des concepts. Les ministres, les députés et la presse en utilisent un qui me plonge régulièrement dans des abîmes de perplexité, c'est celui de centralisme jacobin ou jacobinisme centralisateur. L'abus qui en a été fait et qui se poursuit m'a incitée à le clarifier. Centralisme jacobin ou jacobinisme centralisateur, qu'est-ce que cela est sensé désigner ? Une politique de centralisation administrative. L'exemple qui vient illustrer ces termes est le plus souvent celui des préfets. Ce centralisme sans qualificatif est présenté comme une spécificité politique française, celle de la monarchie, mais aussi celle de la Révolution de 1789, et c'est là qu'il devient jacobin et, curieusement, le demeure ensuite, comme si la politique française était, ou fut longtemps, jacobine jusqu'au jour de renouveau où la décentralisation vint enfin. Mitterrand parlait de la décentralisation à laquelle il œuvra comme d'une révolution dans le sens où elle interrompit la tradition française de centralisation. On trouve encore le qualificatif jacobin jeté comme une insulte à quelques hommes politiques, comme Pasqua. Il se pourrait que le plus effrayant des deux soit Pasqua !

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La mémoire contre l'événement révolutionnaire   Historiographie

par Jacques Guilhaumou, CNRS, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon.

A l’occasion du colloque de décembre 1994 sur La France des années 80 au miroir du bicentenaire, tenu à Paris, j’ai dressé un bilan très personnalisé du bicentenaire de la Révolution française. Présentement, je propose ce texte inédit à la lecture, en le maintenant dans son état originel. Je conserve en particulier l’usage de la première personne. En alternance avec ma production scientifique ordinaire, principalement centrée dans le temps du Bicentenaire sur l'histoire des langages de la Révolution française, je suis intervenu plus spécifiquement sur le terrain du discours commémoratif à propos des thèmes suivants: « Faut-il brûler l'historiographie de la Révolution française ? » (1989) (1), « L'historiographie de la Révolution française existe: je ne l'ai pas rencontrée" (1989) (2) », Gestes d'une commémoration: les '36.000 racines de la démocratie locale' » (1992) (3), « La mémoire et l'événement: le 14 juillet 1989 » (1994) (4). Ces interventions, qui vont nourrir tout du long ma réflexion présente, rendent compte d'une prise de distance à l'égard de l'histoire commémorative, soulignée par le contraste entre une activité limitée sur la scène commémorative à une présence discrète, mais continue, au sein des CLEF 89, dont j’ai été l’un des animateurs au plan national, et un fort engagement sur le terrain proprement scientifique par la participation à une cinquantaine de colloques relatifs à la Révolution française, entre 1985 et 1993.

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Repères chronologiques 1763-1795   Outils

1763 : Traité de Paris (Guerre de 7 ans).

1774 : mort de Louis XV, avènement de Louis XVI.

1774-76 : Turgot contrôleur général des finances.

1775 : Guerre des farines.

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Le discours d’Hébert au Club des Jacobins le 21 juillet 1793   Textes

Par Jacques Guilhaumou, CNRS/UMR « Triangle. Action, discours, pensée politique et économique », ENS-LSH Lyon

Dans le cadre d’une recherche sur la formation et la propagation des mots d’ordre à Paris pendant l’été 1793, nous avons collecté l’ensemble des notes prises par les journalistes sur le plus important discours d’Hébert : son « foudroyant réquisitoire » contre le Général Custine le 21 juillet 1793 au club des Jacobins. Ainsi le Journal de la Montagne souligne « l’intérêt le plus vif » des Jacobins au cours d’une des plus belles séances de la société, « tous les membres de la société, tous les citoyens des tribunes se levant à la fois par un mouvement simultané, agitant leurs chapeaux et couvrant à trois reprises l’orateur de leur applaudissement ». A défaut de disposer d’un discours publié par les soins d’Hébert lui-même, comme le font nombre de dirigeants Jacobins, nous proposons une reconstitution de son discours du 21 juillet 1793 sur la base des principaux comptes-rendus disponibles dans la presse.

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Très brève histoire de la Révolution française, révolution des droits de l'homme et du citoyen   Synthèses

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot

Esclavage ou liberté ? La Révolution française, révolution des droits de l'homme et du citoyen, abolit le régime féodal et l'esclavage dans les colonies, sans indemnités en faveur des seigneurs et des maîtres. Le bonnet rouge de la liberté exprima le lien entre ces deux grandes conquêtes de la liberté civile et politique de portée mondiale. Il signalait encore leur origine commune dans l'esclavage, qu'il s'agisse de l'héritage de l'esclavage antique dans les formes du servage et dans les transformations pluriséculaires des rapports féodaux, ou de l'esclavage moderne créé par des Européens dans les colonies d'Amérique.

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Lire Saint Just   Recensions

Par Yannick Bosc, IUFM de Créteil

En tête des Oeuvres complètes de Saint-Just publiées en 2004 chez Folio-Gallimard, l’essai introductif de Miguel Abensour, « Lire Saint-Just », s’ouvre sur deux questions : « lit-on Saint-Just ? avez-vous lu Saint-Just ? » ; et s’articule sur une troisième : « est-il possible de lire Saint-Just aujourd’hui ? ». Miguel Abensour aurait pu ajouter : pourquoi le lire ? et certainement répondre, pour au moins échapper aux lieux communs des gloses à charge, agrémentées de vagues citations. Saluons donc ici le double effort des éditeurs : proposer des oeuvres complètes accessibles, dotées d’un appareil critique consistant, mais aussi d’un commentaire qui rompt avec l’air du temps. Lire Saint-Just nous éloignera de la légende noire, celle de « l’archange de la mort », du politique satanique dont certains passages des Institutions républicaines préfigureraient l’organisation des jeunesses hitlériennes (suivant Norman Hampson). Comme le note Miguel Abensour, « la présupposition que la révolution est nécessairement totalitaire a produit des dégâts intellectuels ».

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