Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

L'Esprit des Lumières et de la Révolution 2023-2024   Séminaire

Programme 2023-2024 du séminaire de recherche animé par Marc Belissa, Yannick Bosc, Marc Deleplace, Florence Gauthier et Suzanne Levin. Le séminaire se tiendra à distance, par visioconférences. Si vous souhaitez y participer, contactez-nous : redaction@revolution-francaise.net. Les séances se tiendront le jeudi de 18h à 20h.

- 2 et 3 Novembre, Colloque Natural Rights and Politics in the Early Modern Period, Scuola Superiore Meridionale (Naples).

- 7 décembre, Florence Gauthier (Paris Diderot), Les formes d'esclavage successives dans le Nouveau Monde. L'exemple des colonies françaises du XVIIe au XIXe siècles. Pour quelles raisons et quels objectifs, cette succession dans les formes de l'esclavage ?

- 18 Janvier, Emmanuel Faye (Rouen-Normandie), Koselleck, les Lumières et la Révolution française.

- 1er février, Marc Belissa (Paris-Ouest Nanterre), La Révolution française et les colonies.

- 14 mars, Marion Pouffary (Sorbonne Université), Robespierre : la légende noire anarchiste.

- 25 avril, Rémy Duthille (Bordeaux Montaigne), A ses risques et périls ? Célébrer la Révolution française de 1789 dans la Grande-Bretagne de Pitt.

- 16 mai, Eric Mesnard (Paris-Est Créteil), L’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert, les traites négrières et l’esclavage colonial.

Robespierre monstre ou héros ? Proudhon contre Robespierre   Etudes

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Marion Pouffary, Robespierre monstre ou héros ?, Lille, Septentrion, 2023.

L'ouvrage de Marion Pouffary, tiré de sa thèse de doctorat, étudie les légendes noires et dorées de Robespierre au XIXe siècle. Nous reproduisons ici les pages 174 à 182. L'extrait s'insère dans le chapitre VI traitant des légendes noires de Robespierre élaborées par les anarchistes, et en particulier ici par Proudhon. Marion Pouffary est chercheuse associée au Centre d'histoire du XIXe siècle de Panthéon-Sorbonne/Sorbonne Université

Le combat de Proudhon contre les disciples démocrates-socialistes de Robespierre

Si, comme le suppose Albert Mathiez, l'hostilité manifestée par le mouvement socialiste à l'encontre de Robespierre est en grande partie due à l'influence de Blanqui, cette analyse mérite d'être complétée et nuancée. En effet, dans aucun des écrits qu'il a publiés au cours de sa vie, Blanqui ne fait mention de Robespierre de manière négative et c'est uniquement dans ses notes sur l'Histoire des Girondins, qui n'ont pas été publiées, qu'il critique Robespierre. De plus, le mouvement ouvrier français, qui connaît un essor considérable à partir de 1860, est non seulement influencé par les idées de Blanqui mais aussi par celles de Proudhon. Il s'agit des rares socialistes pré-quarante-huitards dont l'influence se consolide dans un contexte de déclin de la production théorique socialiste en France, alors que les écrits de Marx sont encore peu connus (1). Or, contrairement à Blanqui, Proudhon a légué une importante œuvre écrite, dans laquelle il ne manque pas de proclamer dès les années 1840 (2) son hostilité à Robespierre. Celle-ci éclate au grand jour lors des polémiques qui l'opposent aux démocrates-socialistes (3) sous la Deuxième République, à une période où, selon Edward Castleton, il est sans doute le journaliste socialiste français le plus lu (4). La légende noire anarchiste qui naît dans les écrits de Proudhon reprend l'image du Robespierre bourgeois et clérical de la légende noire communiste mais se distingue de cette dernière en dénonçant l'autoritarisme de Robespierre, et fait alors écho à la critique de la tyrannie de Robespierre véhiculée par la légende noire libérale. En effet, la question de la liberté est au cœur des préoccupations des anarchistes, même si, contrairement aux libéraux qui voient dans le principe d'égalité le principal danger pour la liberté, c'est le principe d'autorité qui, pour les anarchistes, constitue la menace essentielle pour la liberté.

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1789-1804. Révolutions/contre-révolutions. La Révolution française et la question coloniale   Annonces

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Introduction et table des matières de l'ouvrage de Florence Gauthier, 1789-1804. Révolutions/contre-révolutions. La Révolution française et la question coloniale, Selles-Sur-Cher, Atlantiques déchaînés, 2023, 99 p.

« Les principes du droit naturel sont simples, clairs et évidents, et il y a longtemps que la philosophie qui, à certains égards, a fait de si grands progrès, devrait nous rien laisser à désirer sur la nature des devoirs réciproques des sociétés. Quelques auteurs, qui ont traité cette matière, bien loin de chercher la vérité, n’ont voulu que la déguiser. Les uns n’ont osé croire que la politique des puissances de l’Europe fut injuste, les autres n’ont osé le dire. Des écrits faits pour nous instruire n’ont servi qu’à perpétuer notre ignorance et nos préjugés. Pendant qu’on ignore les lois par lesquelles la nature lie tous les hommes, pendant qu’on ne cherche qu’à rétablir un droit des nations favorable à l’ambition, à l’avarice et à la force, peut-on être disposé à penser avec Socrate, Platon, Phocion et Cicéron, que l’amour de la patrie, subordonné à l’amour de l’humanité, doit le prendre pour guide, ou on s’expose à produire de grands malheurs ? » Mably, Entretiens de Phocion, 1763 (1)

Depuis quelques décennies, ce que l’on nomme “la modernité” est présentée comme un héritage de la pensée des Lumières et de la Révolution de 1789. Cette façon univoque d’aborder “la” modernité masque l’héritage contradictoire de l’histoire européenne et de son premier empire colonial, comme des interprétations, elles aussi contradictoires, des Lumières. En même temps, l’historiographie de la Révolution française, au XXe siècle, a cherché à séparer une “ bonne révolution” dite “de la liberté et des droits de l’homme” (1789-1791), d’une “mauvaise révolution” dite “de l’égalité sans les droits de l’homme” (1792-1794). On a même pu affirmer que cette curieuse séparation entre liberté et égalité aurait produit deux traditions opposées : celle de “l’individualisme bourgeois et de la liberté du commerce” et celle “du parti unique et centralisateur” accolée, sans plus de preuves, au “Club des Jacobins”, préfigurant les totalitarismes (2) du XXe siècle.

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