Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

Les sources révolutionnaires du Référendum d’initiative citoyenne   Actuel

Par Serge Aberdam

Les débats des gilets jaunes portent sur un projet de Referendum d’initiative citoyenne (RIC). Il est alors utile de signaler que le premier projet de ce genre a été élaboré il y a quelques 225 ans par la Convention nationale et adopté par le vote de millions de citoyens, avec la première Constitution républicaine, en juillet-août 1793.
Les députés à la Convention avaient décidé (septembre 1792) que la France serait désormais une République. Ensuite, écartant tout compromis, ils avaient jugé pour trahison et fait exécuter le roi (janvier 1793). Il était donc clair que le peuple était désormais le seul souverain admis. Au printemps 1793, un vaste débat a lieu pour définir la forme qu’aura le nouvel État républicain. Ce débat a lieu à la Convention mais aussi dans les sociétés populaires locales et les clubs, dans tout le pays. Des centaines de projets sont imprimés sur financement public et largement diffusés.

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Gilets jaunes : l’économie morale et le peuple qui la porte   Actuel

Par Benjamin Coriat, Université Paris 13

Les différences bien sur sont éminentes. Quoi de semblable entre ces émeutiers qui tout au long du 18e siècle envahissaient les marchés pour réquisitionner la farine, le blé, ou le seigle, et imposer des prix abaissés, permettant aux plus pauvres de se nourrir – et les vagues de Gilets Jaunes qui dans toute la France ou presque occupent carrefours et péages d’autoroutes pour obtenir – au minimum et pour commencer – le retrait de taxes supplémentaires sur le gazole.
En apparence rien de commun. Les premiers, qualifiés à l’époque de « taxateurs » s’appuyaient sur la coutume et prétendaient faire respecter le principe de l’établissement du prix du pain par voie règlementaire, contre Turgot, Necker et les premiers libéraux qui voulaient établir le principe d’une « libre marché » des grains et ainsi imposer un nouveau monde : celui d’une économie déclarée « moderne » basées sur des marchés « faiseurs de prix ». Les nouveaux « taxateurs », ceux d’aujourd’hui interviennent deux siècles plus tard. Le règne du libre marché est avéré, et domine partout, écrase tout vient de couronner trois décennies de néolibéralisme forcené qui permet de breveter et de faire commerce, non plus de la seule farine mais des semences désormais « génétiquement modifiées » elles mêmes…
Tout donc est différend. Et pourtant ! Pourtant pour qui veut bien regarder les choses de plus près, certaines similitudes ne peuvent manquer d’être relevées.

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"Un peuple et son roi" de Pierre Schoeller   Actuel

Les films sur la Révolution française sont suffisamment rares (et les bons encore plus) pour que l'on ne se réjouisse pas ici de la sortie de celui de Pierre Schoeller "Un Peuple et son Roi". Le cinéaste — réalisateur de "L'Exercice de l’État" qui avait été remarqué par la critique — explique son projet dans l'émission d'Emmanuel Laurentin "La Fabrique de l'Histoire" sur France Culture et dans celle de Marie Richeux "Par les temps qui courent". On peut également voir la bande-annonce du film sur YouTube. Enfin, l'aspect esthétique et cinématographique du film est débattu par les critiques du "Cercle" l'émission cinéphile sur Canal +. Le projet de Pierre Schoeller insiste sur le peuple de Paris en révolution. Il ne nous appartient évidemment pas de débattre de la réussite esthétique du projet (bien qu'à notre avis de non-spécialistes du cinéma, de nombreuses scènes sont magnifiques et que les acteurs ne le sont pas moins), en revanche, l'approche historique ne peut que convaincre le spécialiste de la l'histoire de la Révolution qui n'a que rarement eu l'occasion de prendre plaisir à un tel film !

Populiste ou Jacobin ? Critique du populisme de gauche   Actuel

Texte publié par Olivier Tonneau sur son blog Mediapart, à propos du "populisme de gauche" théorisé par Ernesto Laclau et Chantal Mouffe qui influence Podemos en Espagne et plus récemment Jean-Luc Mélenchon. Extraits :

"Il y a quelque chose qui cloche dans le «populisme de gauche» de Mouffe et Laclau. Oui, mais quoi? Une manière de répondre à cette question est de revenir au fondement de leur doctrine, qui réside dans l'interprétation de la Révolution française comme matrice des totalitarismes popularisée par François Furet."
"Ceux qui se réclament aujourd’hui du populisme contre le néolibéralisme ne le savent peut-être pas : dans l’ouvrage qui les a rendus célèbres, l’ennemi de Mouffe et Laclau n’était pas le néolibéralisme mais le totalitarisme. Dès la préface de l’ouvrage, les auteurs s'inscrivaient dans les thèses de Claude Lefort et François Furet (tous deux cités dans l’ouvrage avec approbation) selon lesquelles le totalitarisme avait pour matrice le jacobinisme. La préface se lit comme une notice nécrologique de « l’imaginaire jacobin », expression qui apparaît en relation avec une série d’ « échecs et de déceptions : depuis Budapest à Prague et au coup d’état en Pologne, de Kaboul aux séquelles des victoires communistes au Vietnam et au Cambodge ». Le retournement récurrent des insurrections en états totalitaires menait Mouffe et Laclau à appeler à une rupture théorique radicale."

Lire l'article sur le blog d'Olivier Tonneau

Vers une république des biens communs ?   Actuel

Vidéos du colloque "vers une république des biens communs" qui s'est tenu à Cerisy du 8 au 15 septembre 2016. Présentation :

"Mieux connu depuis l'attribution, en octobre 2009, du prix Nobel d'économie à Elinor Ostrom, le concept de « communs » ou de «biens communs» fait actuellement florès dans de nombreuses disciplines: économie, gestion, droit et science politique, mais aussi dans les programmes de militants et responsables politiques. Ainsi le Parlement européen a constitué un intergroupe dédié aux « services publics et biens communs ». Surtout, de très nombreuses initiatives témoignent de la vitalité de nouvelles forces sociales du vivre et produire ensemble et autrement, pour promouvoir des laboratoires citoyens et économiques dans les domaines tels que l’économie collaborative, la santé, l’éducation, la transition énergétique, le domaine foncier et pour utiliser des logiques de biens communs pour une gouvernance plus démocratique de fourniture de services d’intérêt général et élargir les choix dans les partenariats publics/privés. Dans ces temps de mutations économiques, technologiques, écologiques, sociales, majeures, ce colloque est conçu comme un carrefour pluridisciplinaire de rencontres et d'échanges entre chercheurs et acteurs, venant de plusieurs pays européens, pour cerner le contenu du concept de biens communs et sa capacité à permettre la construction d'une nouvelle manière de vivre en société."

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La terreur des sans-cravates   Actuel

Les députés de La France Insoumise se sont présentés sans cravate à l'Assemblée. Extrait d'un article qui s’en inquiète vivement, publié dans Challenges le 27 juin 2017 et intitulé "Mélenchon, Ruffin et les Sans-cravates : une menace à prendre au sérieux", où l'on fantasme sur le peuple et la Révolution :

" "La question des codes vestimentaires a été portée par notre camp. Par exemple par le Tiers-État lors des États généraux" a déclaré Jean-Luc Mélenchon. (...) L’assimilation Sans-culottes et Sans-cravates ne relève pas du simple divertissement. Elle est une arme politique de destruction massive du système. Quand Mélenchon dit: "Il y avait des Sans-culottes, il y aura désormais des Sans-cravates", il ne plaisante pas. Il pose très sérieusement les bases de la lutte politique qu’il entend mener. Le peuple contre les aristocrates. Les floués contre les nantis. Les pauvres contre les riches. Le bas contre le haut. Application à la lettre des préceptes politiques de l’idéologue d’extrême gauche qui a pensé Syriza et Podemos, Chantal Mouffe, qui entend "Construire un peuple" pour l’amener à remplacer le peuple ancien.
Mélenchon et Ruffin ressuscitent effectivement la Révolution. Non pas l’esprit des constituants de 1789, mais plutôt celui des Hébertistes de 1793. Avec eux, c’est l’esprit du Père Duchesne (le Fakir de l’époque) qui entre à l’Assemblée nationale, comme il était entré à la Convention avec Hébert, Roux et Chaumette et les Enragés. Ceux-là aussi entendaient « se mettre à la portée de cette classe peu instruite du peuple qui ne pourrait comprendre d’importantes vérités si elles n’étaient énoncées avec des expressions qui lui sont particulières ». Ils en firent tellement qu’à la fin, les jugeant dangereux, Robespierre lui-même finira par les envoyer là où ils rêvaient d’envoyer l’oligarchie de l’époque. Le destin des Sans-cravates sera-t-il aussi tragique que celui des Sans-culottes ?"

Lire l'article dans Challenges

Mélenchon avec Robespierre le 9 thermidor   Actuel

La Révolution française est, jusqu'ici, bien peu présente dans les débats de la "pré-campagne" électorale pour la présidentielle de 2017. Dans une nouvelle émission de télévision intitulée "Et si c'était vous" de la chaîne "Toute l'histoire" et en collaboration avec le journal "Le Monde", le psychanalyste Gérard Miller et le journaliste Nicolas Truong interrogent Jean-Luc Mélenchon en l'invitant à remonter le temps jusqu'au 9 thermidor an II et à le redescendre jusqu'à nos jours pour analyser les traces de la Révolution dans les projets politiques contemporains.
Depuis 2011 et l'achat par l'État de manuscrits de l'Incorruptible, le fantôme de Robespierre — quasi disparu depuis le Bicentenaire — réapparaît régulièrement dans les usages politiques contemporains de la Révolution française. Jean-Luc Mélenchon est le "politique" qui se réfère le plus souvent à la figure de Robespierre. Un nouveau chapitre de l'histoire de la "fabrication du mythe" telle que Marc Belissa et Yannick Bosc l'ont évoquée dans leur Robespierre.

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1789 : les casseurs prennent la Bastille   Actuel

les casseurs prennent la Bastille

Série d'images publiées par Claude Guillon sur son blog La Révolution et nous. Présentation : "Rencontre de grands esprits épars ou inspiration directe, le thème des «casseurs» de 1789 a donné lieu à plusieurs déclinaisons sur les murs de France, et les dits «réseaux sociaux». On observera que, dans tous les cas collectés ici, la date référentielle retenue est bien 1789, et non 1793."

Voir sur La Révolution et nous ; voir la rubrique Usages militants de la Révolution

Rue Robespierre à Paris, fin et suite   Actuel

Dans le prolongement de la proposition du groupe UDI-Modem de créer un parcours « Révolution française » dans l’espace public parisien, Danielle Simonnet, conseillère de Paris (FG), a soumis au Conseil de Paris le vœu "qu'une rue, une place ou un lieu de mémoire à Paris" soit consacré à Robespierre. Cette demande appuyée par une lettre ouverte d'historiens à Anne Hidalgo, Maire de Paris, a été finalement rejetée alors que les présidents des différents groupes semblaient s'accorder sur le principe d'une mission qui en étudierait l'opportunité.

Lire le commentaire de Danielle Simonnet, voir la vidéo de son intervention

Nuit debout ou le retour de la Terreur   Actuel

Alain Finkielkraut en abbé Maury dans une vidéo de Nada-info.fr conçue par des anciens des Nouveaux chiens de Garde associés à la Compagnie Jolie Môme. Présentation : "admirative du clergé médiatique mobilisé contre la violence des casseurs, Nada-info a retrouvé un document exceptionnel dans ses archives : il illustre l’abnégation des ministres du culte qui, de tous temps, se sont dressés contre les barbares."

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Bande dessinée : Petite histoire de la Révolution française   Actuel

Petite histoire de la Révolution française, de Grégory Jarry et Otto T

Petite histoire de la Révolution française de Grégory Jarry et Otto T. aux éditions FLBLB, découpée en 7 chapitres. Présentation :

"La Révolution française de 1789 racontée à ceux qui vont faire la prochaine ! Cette fois c'est la bonne : des quatre coins du pays, le peuple se soulève, les centres de pouvoir s’affolent, la France est à feu et à sang ! Le Président réfugié à Berlin annonce qu'il quitte le pouvoir. Les députés désespérés font alors appel à Louis XX, héritier du trône de France, pour restaurer la Monarchie capétienne…."

"Dans un futur très très proche, une nouvelle révolution survient en France. Mais le pays est ravagé par l'inflation, en PACA des soulèvements réclament la restauration de l'Empire français, les USA menacent d'un putsch si la France ne revient pas au capitalisme. Le peuple chasse alors les anciens dirigeants, l'État est définitivement aboli et la Première République autonome est créée."

A lire et télécharger sur Médiapart

La « déchéance de nationalité » et la Révolution   Actuel

Par Marc Belissa, CHISCO-Paris Ouest Nanterre

Dans ce qui tient lieu de débat aujourd’hui sur la « déchéance de nationalité », il n’est peut-être pas inutile de rappeler comment la Révolution française et ses constitutions ont posé les questions de l’acquisition, de la déchéance et de la suspension de la citoyenneté pour les « étrangers » et pour les « Français ».
Notons tout d’abord qu’aucun de ces textes ne parle de « nationalité » et, pour cause, ce concept — mais non le terme lui-même qui ne devient d’un usage courant que dans les années 1830 et encore comme un terme renvoyant à un « esprit national » et non comme un terme juridique — n’entre en droit français qu’avec le Code civil de 1804 lorsqu’on dissocie l’exercice des droits civils et la « qualité de citoyen » qui n’est pas de droit naturel, mais qui dépend alors des stipulations de la loi constitutionnelle. C’est le Code civil qui crée en droit la « qualité de Français » indépendante de la citoyenneté. L’usage juridique de la « nationalité » ne date que de 1889 sous la Troisième République.

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Bénigne Gagneraux, Le génie de la Paix arrêtant les chevaux de Mars (1794)   Actuel

Bénigne Gagneraux, Le génie de la Paix arrêtant les chevaux de Mars, 1794

Musée d'art et d'histoire de Genève

An apology for French republicanism   Actuel

Par Olivier Tonneau, Homerton College, Cambridge

When the attacks of 13 November in Paris are used by the French government to criminalize activists and protesters, when fear is pushing its population deeper into the arms of the Front National, and when the radical Left has almost disappeared from the political landscape, can one retain any hope that the country will find the necessary resources to be true to its ideals? The answer I receive from most of the Anglo-Saxon world is ‘no’. Indeed, I hear, the ideals are themselves part of the problem: France’s self-representation as the beacon of the Rights of Man has hidden for too long the true nature of its society. ... The terrorist attacks suffered by France this year were thus largely perceived as a predictable consequence of religious tensions generated by French republicanism.
I cannot accept this analysis and will go so far as to make the reverse claim: not only do I refuse to give up on France’s revolutionary heritage, I even count on French postcolonial citizens to preserve it from the steady ideological degradation of the overall population. I may be deluded by my attachment to the Revolution, but my hopes are not entirely without reason.

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Retrouver la Révolution   Actuel

Leslie Kaplan, Mathias et la Révolution, P.O.L

Sur Médiapart, entretien autour du dernier roman de Leslie Kaplan, Mathias et la Révolution, P.O.L, 256 p. Extraits :

"L’Histoire ne s’impose pas avec des formes établies, naturelles : ce sont les hommes qui font l’Histoire, même si nous ressentons tous aujourd’hui l’impression que rien ne va plus, que nous sommes à bout et au bout d’un système, d’une civilisation. D’où la nécessité d’un changement du cadre de pensée. Voilà pourquoi je me suis intéressée à ce grand changement de cadre de pensée que fut la Révolution française. On est alors passé de l’acceptation des sujets soumis aux privilèges à un refus d’une telle inégalité, jugée anormale. Nous y revoilà, face à la domination exercée par le capitalisme néolibéral, qui se promeut en horizon indépassable. Alors comment ? Tout le monde cherche, c’est précisément ce que décrit mon livre…"
"L’idée de ce roman est née de la réédition de La Révolution française d’Albert Mathiez, en 2012. Je l’ai alors relu, retrouvant l’enthousiasme ressenti lorsque j’étais étudiante. Je me suis mise à lire Robespierre et Saint-Just, découvrant chez eux, par-delà les formules impressionnantes, l’incroyable force des mots. Et j’ai eu envie que ces mots, oubliés ou dont nous n’avons jamais eu connaissance, vivent à nouveau, pour tout le monde. L’écrivain œuvre à redonner de la densité au langage et rien n’était plus exaltant que d’organiser la circulation d’une telle parole parmi des personnages, ici et maintenant. Ce qui n’empêche pas, bien au contraire, que tout le monde ne soit pas d’accord : il y a un colleur d’affiches d’extrême droite, une mère raciste attendant son enfant à la porte de l’école, ou encore un membre de l’Académie française, qui ne voient pas du tout les choses comme Mathias…
Oui, j’ai ressenti une grande jubilation à offrir en partage cette langue révolutionnaire, qui pourrait être parmi nous, qui devrait être parmi nous."

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