La traite des Noirs vue du pont du navire négrier En ligne
L’historien américain Marcus Rediker nous offre dans son dernier livre The Slave Ship. A Human History, disponible en collection de poche chez Penguin (2007), une magistrale histoire de la traite des Noirs au XVIIIe siècle dans laquelle ce ne sont pas tant les chiffres, les analyses de l’impact démographique ou des conséquences économiques de la déportation des esclaves qui importent, mais plutôt les éléments d’une étude sociale et culturelle de la traite vue au niveau du pont du navire négrier. Cette histoire from below, déjà fréquentée par Marcus Rediker dans ses ouvrages précédents sur les pirates ou sur l'Atlantique révolutionnaire, se situe dans la grande tradition historiographique des Christopher Hill, Edward Palmer Thompson et Peter Linebaugh. Le but de Rediker est d’étudier le navire négrier en tant que phénomène socioculturel global, non seulement du point de vue des esclaves, mais aussi des marins, des capitaines, des forces du capital engagés dans la traite, etc. Il y décrit les rapports individuels, sociaux, la construction des identités de "race", de genre, mais aussi les modes de survie, de collaboration entre esclaves, entre marins et parfois, entre marins et esclaves.
Sans chercher à accumuler les descriptions atroces, Rediker redonne à la traite sa dimension mortifère et proprement "terrorisante". Il montre comment la violence et la terreur exercées contre les captifs, mais aussi à l’égard des matelots font partie du système de domination et d’accumulation primitive capitalistes en construction.