Article de Camille Pollet, "Deutsch, Ferrand, Buisson, Zemmour, Bern : la télé préfère les « historiens » réacs", sur Rue89, publié le 25 mars 2013 à propos de l'ouvrage de William Blanc, Aurore Chéry, Christophe Naudin, Nicolas Offenstadt, Les Historiens de garde. De Lorànt Deutsch à Patrick Buisson, la résurgence du roman national, Paris, éditions inculte, 2013.

"Formé à Sciences Po et à l’Ehess, institutions dont il tend aujourd’hui à se démarquer, Franck Ferrand présente des émissions d’histoire sur Europe 1 et sur France 3. En bien des aspects, il rejoint L. Deutsch et Jean Sévillia du Figaro sur la dénonciation de la Révolution française. Dans un documentaire diffusé quatre fois en moins d’un an sur France 3, « Robespierre, bourreau de la Vendée », F. Ferrand, images de « charniers » et musique lugubre à l’appui, insiste sur les massacres de la Terreur (1793-1794) et donne largement la parole aux controversés Reynald Secher et Stéphane Courtois, qui emploient le terme de « génocide » pour qualifier la répression de Vendée. Les auteurs du livre « Les historiens de garde » affirment que l’historien Jean-Clément Martin, lui aussi intervenant dans l’émission, a été coupé au montage sur ce débat. Tout comme de nombreux chercheurs, ils dénoncent une manipulation télévisuelle, et rappellent que, pour le cas vendéen, le terme de « génocide » est inadapté. Bon nombre d’historiens spécialisés dans la Révolution française (l’IHRF notamment), sans minimiser les violences et les massacres, considèrent au contraire que cette période, plus bénéfique que regrettable, fut porteuse d’émancipation et de progrès. L’idée d’une filiation entre la Terreur révolutionnaire et les totalitarismes du XXe siècle a bien été propagée par François Furet (et Thierry Ardisson) dans les années 1980, et même reprise récemment par L. Deutsch. Pour une majorité d’historiens cependant, cette prétendue filiation relève aujourd’hui d’une historiographie désuète, d’amalgames douteux, et traduit une pensée réactionnaire."

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