Par Marc Belissa, CHISCO-Université Paris X-Nanterre

Conférence prononcée dans le cadre des conférences du Centre d'Etudes d'Histoire de la Défense ayant pour thème "l'exportation armée des idées et des systèmes" et publiée dans les Cahiers du CEHD, n° 34, décembre 2008.

Dans son grand discours du 2 janvier 1792 contre la guerre projetée par les amis de Brissot et les Girondins, Robespierre déclarait : "La déclaration des droits n’est point la lumière du soleil qui éclaire au même instant tous les hommes ; ce n’est point la foudre qui frappe en même temps tous les trônes." Il ajoutait : " La plus extravagante idée qui puisse naître dans la tête d’un politique, est de croire qu’il suffise à un peuple d’entrer à main armée chez un peuple étranger, pour lui faire adopter ses lois et sa constitution. Personne n’aime les missionnaires armés ; et le premier conseil que donnent la nature et la prudence, c’est de les repousser comme des ennemis." Ainsi, pour Robespierre, l’idée que l’on puisse « exporter » les principes au bout des baïonnettes était en soi « extravagante ». Pourtant, cette idée que la Révolution française a, dès l’origine, cherché à imposer ses principes au-dehors est un lieu commun d’une grande partie de l’historiographie, et l’image glorieuse des soldats de l’an II voulant libérer le monde par les armes a encore quelque écho dans les représentations de l’événement.

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