Par Yannick Bosc, Université de Rouen Normandie - GRHis

Sous l’Ancien Régime, les prud’homies de pêcheurs sont des corporations. Considérées comme des archaïsmes moyenâgeux, les corporations sont abolies pendant la Révolution française, mais pas les prud’homies de pêcheurs qui deviennent même des modèles dont on redécouvre aujourd’hui les vertus républicaines. Comment expliquer cette singularité ?

Les corporations, constituées au Moyen-Age, regroupaient des personnes exerçant un même métier. Les patrons et les ouvriers dépendaient donc de la même organisation qui disposait de privilèges, reconnus par la monarchie, permettant de réglementer et de contrôler l’exercice du métier. Avec la Révolution française, cette structure d’encadrement de la société d’Ancien Régime disparaît. Le 4 août 1789, l’Assemblée nationale vote l’abolition des privilèges qui touche les ordres (elle met fin à la noblesse) mais aussi les villes et les provinces qui disposaient de « libertés » particulières. Cependant les corporations et leurs privilèges passent temporairement entre les mailles du filet. Il faut attendre la loi d’Allarde en 1791 pour qu’elles soient abolies. Au lendemain du 4 août, les communautés de métiers sont en sursis tant il semble cohérent pour les contemporains que ces corps dits privilégiés soient également compris dans l’abolition.
Sentant son avenir plus qu’incertain, la prud’homie de Marseille s’organise. Elle décide d’envoyer une délégation à Paris, composée de ses deux premiers prud’hommes et de son secrétaire archiviste, afin de plaider en faveur du maintien de sa juridiction auprès de l’Assemblée constituante. La prud’homie de Toulon est associée à la démarche.

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