La « révolution moderne » de l’artifice politique (16ème-19ème). Recensions
Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », CNRS/ENS-LSH Lyon.
Marcel Gauchet propose, en quatre volumes, une réflexion originale sur L’avènement de la démocratie (1), dans la continuité de son précédent ouvrage sur Le Désenchantement du monde (2) où il s’agissait de mettre en évidence l’emprise du religieux dans l’histoire des sociétés humaines, et la lente désintrication du religieux et du politique au fil des siècles. Le premier volume est titré La révolution moderne : il précède un second volume sur La crise du libéralisme. Il apparaît alors comme une sorte de prologue relatif aux multiples révolutions de la modernité, entre 1492 et 1880. Marcel Gauchet les regroupe sous la désignation de « révolution moderne », au titre de la dynamique politique qui impose progressivement l’autonomie comme la forme politique dominante d’organisation, c'est-à-dire « la révolution de l’autonomie ».
Ainsi se précise, par étapes, « une configuration inédite de l’être-ensemble », que l’auteur rapporte à « cette part structurelle et inconsciente du fonctionnement de la démocratie des modernes », où la religion n’est plus le contenu dominant, mais dont la forme persiste, quitte à resurgir de diverses manières, à différentes époques. Il s’agit donc de « dégager les composantes spécifiques du monde désenchanté qui émergent au fils de ce parcours, dans l’ordre politique, dans l’ordre juridique et dans l’ordre historique » (p. 10).