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Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

Le nom de Sieyès. L’intelligence politique de la Révolution française   Etudes

Par Jacques Guilhaumou, Université de Lyon, UMR « Triangle », ENS-LSH

Dans l’Encyclopédie des sciences philosophiques (1), Hegel aborde la question du langage de façon corrélée au système que constitue l’activité de l’intelligence. Il s’intéresse ainsi à la dynamique du langage en tant qu’opération productrice de signes permettant à l’intelligence d’extérioriser ses représentations au sein de l’espace/temps de l’intercommunication humaine où elle est plongée. Dans un tel processus, l’intelligence est située hors de soi par le concret de l’intuition dont elle se revêt pour exister comme objet de réflexion au sein de la conscience intersubjective des hommes. Hegel précise alors que l’intuition «ne vaut que comme représentant quelque chose d’autre» (2). Par le fait de l’imagination, elle a reçu en elle «une représentation autonome de l’intelligence» ce qu’on appelle, si l’on en use comme d’un signe, une signification. Elle permet donc, via le signe, l’acte de représentation de l’être posé de l’intelligence.

Ainsi le langage confère une existence à la fois caractéristique et singulière aux représentations de l’intuition produites par l’intelligence en leur donnant une signification propre. Cependant, si le mot est la manière la plus évidente d’extérioriser une telle signification dans des éléments simples, il n’en reste pas moins que c’est le nom qui s’avère la signification la plus singulière. En effet, le nom introduit une liaison entre l’intuition produite par l’intelligence et sa propre signification, son référent posé d’emblée. Il est ce quelque chose d’autre qui fonde l’acte de représentation; il est certes quelque chose d’extérieur par son existence référentielle, mais sa liaison avec l’intelligence est aussi quelque chose d’intérieur. Il n’est donc pas seulement comme le mot le produit de l’analyse de l’intelligence, il est la manifestation synthétique de l’intelligence.

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De la rosière à la tricoteuse : les représentations de la femme du peuple à la fin de l'Ancien Régime et pendant la Révolution   Etudes

Par Dominique Godineau, CERHIO UMR 6258 Université de Rennes II

En 1793 est publié un petit texte anonyme intitulé Réponse à l'impertinente question : Mais qu'est-ce qu'un Sans-Culotte ? (1) On pourrait parodier ce titre et se demander Mais qu'est-ce qu'une femme du peuple pendant la Révolution ? Dans la représentation que l'on en donne, est-elle d'abord femme, est-elle d'abord peuple ? Comment faire coexister dans la même image l'appartenance au sexe féminin privé de droits politiques et l'appartenance au peuple devenu Peuple Souverain ? Comment concilier la douceur que l'on aimerait être celle des femmes et la violence que l'on dit être celle du peuple ? Moins naïves ou impertinentes qu'il n'y paraît, ces questions indiquent d'emblée qu'il n'y pas une représentation des femmes du peuple, mais plusieurs : point de dessin au trait ferme et assuré, mais une série de croquis plus ou moins bien ébauchés, superposés ou opposés, selon les choix politiques du dessinateur, selon qu'il mette en avant le segment "femme" ou le segment "peuple", selon les couleurs qui l'emportent à tel moment dans la représentation dominante des femmes ou du peuple, et selon, ne l'oublions surtout pas, l'action même des femmes du peuple. On voudrait donc montrer ici comment ces diverses représentations sont construites en fonction d'arrière-plans politiques et idéologiques, et interroger en parallèle le rapport complexe, mais central, entre femmes, peuple, droits, représentation.

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