Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

Tableaux croisés chez Mercier et Rutlidge : le peuple de Paris et le plébéien anglais   Mots

par Raymonde Monnier, CNRS

Cette historienne du mouvement républicain au début de la Révolution française présente, dans une étude publiée par les Annales Historiques de la Révolution française, une analyse sémantique des mots peuple et plébéien d'un point de vue comparatif. Elle associe en effet, dans des tableaux parallèles du peuple de Paris et de Londres, deux écrivains, Mercier et Rutlidge qui tentent de construire, chacun à sa manière et avec son lexique propre, une image particulière de la république.

Nous la remercions de nous avoir permis de publier, en appui de cette étude exemplaire d'une approche discursive, deux textes de Rutlidge et Mercier.

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Néologismes en temps de Révolution   Mots

Fiction carnavalesque

Par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Parmi les milliers de mécontents que la révolution a suscités, un homme très honnête voit et ne veut voir que les effets de l’anarchie ou plutôt de la panarchie, c’est-à-dire de la législation de tous (1). Mais, soucieux d’en savoir plus, il se rend à Paris de sa Province méridionale pour rencontrer d’honnêtes gens et lire de bons journaux. Suivons les flâneries burlesques à travers Paris de cet aristocruche (2) qui ne connaît que des principes inconstitutionnels et mimonarchiques (3). Ne confond-t-il pas les vrais, ardents et utiles patriotes avec les têtes exaltées par des idées fausses, vagues, exagérées, inconsistantes, associant alors à la confusion des idées l’abus des mots (4) ? Son imagination ne trouve-t-elle pas dans ce séjour une raison singulière de s’échauffer, ne lui inspire-t-elle pas une foule d’idées, que nous croyons ne pas devoir laisser échapper au lecteur, aussi burlesques soient-elles ?

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« La terreur à l’ordre du jour » : un parcours en révolution (1793-1794).   Mots

Par Jacques Guilhaumou, UMR « Triangle », ENS-LSH Lyon

Dans la gamme diversifiée des travaux lexico-sémantiques sur les discours de la Révolution française, les études d’Annie Geffroy (1) et de Gerd van den Heuvel (2) retracent l’histoire du mot terreur pendant la décennie révolutionnaire. L’analyse de discours ouvre à une approche plus événementielle et plus historique des usages de ce mot en se centrant présentement sur l’émergence de l’expression « la terreur à l’ordre du jour » le 30 août 1793 au Club des Jacobins, et sur son devenir jusqu’à la première défaite du mouvement populaire avec l’arrestation des dirigeants cordeliers en mars 1794. Nous nous proposons donc de préciser le contexte discursif de formation de cette expression pendant l’été 1793, puis de suivre sa propagation au cours l’automne 1793 et de l’hiver 1793-1794 en essayant dans le même temps d’en situer les enjeux politiques.

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Laconisme et abondance : deux modèles pour le discours révolutionnaire   Mots

par Agnès Steuckardt, Laboratoire "Parole et langage", Université de Provence (Aix-Marseille I).

La présente contribution ouvre le débat sur les modèles qui présidaient, pendant la Révolution française, à l’élaboration du discours. Alors que, comme l’ont souligné à juste titre les synthèses les plus récentes, les révolutionnaires ont beaucoup décrié les séductions rhétoriques et se sont volontiers réclamés du laconisme, ils n’ont pas, à l’évidence, renoncé à l’abondance de l’éloquence. Cette pratique, apparemment contradictoire avec leur modèle théorique, n’est pas sans avoir fait elle-même l’objet d’un discours métadiscursif avant et pendant la Révolution. Les deux modèles, laconisme et abondance, semblent en fait coexister ; les modalités de leur articulation nous sont suggérées par certains passages de ces textes métadiscursifs, qui, en même temps qu’ils prônent un certain style d’expression, indiquent à quelle situation de parole il convient : si le laconisme caractérise la parole de celui qui détient l’autorité, les développements abondants semblent demeurer nécessaires à celui qui cherche à la conquérir.

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Un parcours notionnel : patrie, patriotisme.   Mots

par Jacques Guilhaumou et Raymonde Monnier, CNRS.

dictionnaire usages socio politiques Guilhaumou Monnier

Le huitième fascicule du Dictionnaire des usages socio-politiques (1770-1815), dont nous présentons l'introduction (1), s’inscrit résolument, par son choix thématique, dans une perspective d’histoire des concepts aux enjeux précisés par ailleurs (2). Il procède de la rencontre entre des chercheurs de diverses disciplines sur le terrain d’une notion-clé, la patrie. Il importe de préciser d’emblée que le meilleur moyen d’appréhender le déploiement d’un concept dans son historicité est d’éviter toute approche analytique sur la base d’une modélisation a priori de ses formes d’expression. S’agissant d’une notion-concept profondément ancrée dans la culture politique, il convient d’en cerner les usages et les significations conjoints à partir d’une série ouverte de questions : Peut-on parler d’un patriotisme monarchique et aristocratique avant la Révolution française ? Comment évolue le terme de patriote avant de devenir synonyme de révolutionnaire ? Quelles sont les traditions civiques, esthétiques et éthiques dans lesquelles s’actualise la référence à la patrie ? Comment appréhender la question morale au contact de l’apparition d’une science des mœurs ? Qu’en est-il du renouveau patriotique en 1789 par rapport à la formation d’une nation libre ? Comment se manifeste la passion patriotique tout au long de la Révolution française ?

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