Récit d'un événement : De la "marche civique" à "l'émeute"du 5 Vendémiaire an III à Marseille. Mots
par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS/LSH Lyon
Nous proposons présentement l'analyse discursive d'un événement qualifié de façon restrictive d'émeute par les historiens, et qui prend l'allure, au regard des archives disponibles, d'une marche civique : le rassemblement jacobin du 5 vendémiaire an III (26 septembre 1794) à Marseille. Dans le but de complexifier l'abord de cet événement, nous nous efforçons d'abord de décrire comment de simples spectateurs d'une "farandole" peuvent adhérer à un mouvement basé sur les principes républicains au point d'en devenir les protagonistes. Puis nous centrons notre attention sur la stratégie discursive des représentants en mission, qui tend à nier les médiations attestées, décrites par ailleurs dans les sources, avec l'objectif d'instaurer la mise en scène d'une loi révoquée depuis 1793, la loi martiale. Ainsi les ressources réflexives de cet événement discursif s'avèrent plus riches que le simple qualificatif d'émeute le laisse penser, en particulier à travers les témoignages que nous reproduisons par ailleurs, et bien sûr les justifications des citoyens arrêtés à l'issue de cette "émeute".