Paris et Londres en miroir

Fragment (117-124) tiré de : Paris et Londres en miroir. Lettres de voyage extraites du Babillard de Jean-Jacques Rutlidge, présentation et notes de Raymonde Monnier, Presses Universitaires de Saint-étienne, collection Lire le Dix-huitième siècle, 2010, 152 p.

Huitième Lettre du Voyageur Anglais (1778)(1)

Je vous suis obligé, mon cher Babillard, de m’avoir mis en liaison avec M. D**. Cet agréable et judicieux Français témoigne autant d’avidité de bien connaître mon pays, que j’en ai de m’instruire, par la pratique, et de me rendre familier tout ce qui concerne le sien. Jusqu'à présent des obstacles multipliés l’on empêché de franchir la mer, qui les séparent : en attendant le moment favorable, il donne régulièrement chaque jour, quelques heures à l’étude de la Langue anglaise. En général cependant, vos Français dédaignent assez tout autre langage que le leur : il y a trente ans, qu’un homme un peu familiarisé avec deux ou trois idiomes étrangers, aurait été un phénomène parmi vous. Le nôtre y acquiert tous les jours : M. D** ne s’est point contenté de l’étudier, assez pour entendre nos Livres ; il travaille encore à surmonter la difficulté, que ses Compatriotes trouvent presque tous à le prononcer : alternativement il vient s’entretenir avec moi un matin, et le lendemain je vais causer une heure ou deux avec lui : ainsi nous nous efforçons de nous rompre et de nous habituer mutuellement aux articulations et à l’accent des Langues française et anglaise, dont nous échangeons entre nous des leçons théoriques et pratiques.

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