par Jacques Guilhaumou, UMR Triangle, ENS-LSH Lyon

Lorsque les députés de Marseille précisent, dans une lettre à la Municipalité du 18 mars 1791, que « le patriotisme des Marseillais et leur noble dévouement n’ont jamais été méconnus dans l’assemblée nationale, et leurs concitoyens membres de cette assemblée n’ont laissé aucune occasion pour montrer quels étaient leurs principes », ils espèrent que « leur conduite sera un jour mieux appréciée ». A vrai dire, la Municipalité de Marseille, fort circonspecte sur leur action, préfère s’adresser à M. Robespierre, le 18 avril 1791, dans les termes suivants : « Vous avez déjà donné, Monsieur, à l’Assemblée patriotique de Marseille, des preuves d’un honorable attachement. La ville entière dont nous sommes les organes vous invite aujourd’hui à prendre sa défense. Sa cause est digne de vous, c’est celle du patriotisme luttant contre la calomnie, et de l’honneur repoussant la tâche dont on voudrait le flétrir ». Débordé de travail, Robespierre ne répond pas immédiatement à la Municipalité, qui lui écrit de nouveau le 27 mai, alors qu’il vient de lui envoyer une lettre qui n’est pas encore arrivée à bon port.La Municipalité de Marseille précise une fois de plus son attachement à la personnalité de Robespierre : « Elle se repose avec confiance sur les sentiments qui vous animent. Elle ne sera point sans défenseur tant que vous serez dans le sein de l’Assemblée nationale pour y soutenir la cause de la justice et de la liberté ; mais daignez lui donner une marque de votre attachement ; elle n’a pas besoin d’assurance, mais elle désire posséder dans ses archives une de vos lettres, qui soit le contrat de votre amitié, et le monument le plus précieux de son patriotisme. ».

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