Bonnet de 
la liberté

Révolution Française

La Révolution française et la rupture des Temps modernes   Synthèses

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH, Lyon

Tout au long de l’histoire, des réseaux de croyance se constituent autour de traditions novatrices dont chaque individu hérite avec la possibilité de les étendre, les modifier voire les rejeter. Tel est le cas des traditions politiques émancipatrices mises en place pendant les Temps modernes (16ème-18ème siècles). Entre humanisme, civisme, artificialisme, républicanisme, et sous l’égide des valeurs de liberté et d’égalité, la rupture historique de la modernité politique fait alors signe vers la formation européenne de la Nation, avec un temps fort, le moment de radicalité propre à la Révolution française.

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Les femmes et la Révolution française : recherches en cours.   Synthèses

Par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon et Martine Lapied, UMR "Telemme", MMSH/Université de Provence

Les débats autour de la parité ont fourni l'occasion de réfléchir sur la participation des femmes à la vie politique en France et, en particulier, sur les raisons de la faiblesse de leur nombre dans les deux chambres législatives (1). Au delà des explications à dominante sociologique, cette faible représentation nous renvoie aux racines historiques d’un phénomène qui paraît plus durable en France que dans d’autres États européens, avec un ancrage spécifique dans la Révolution française (2). Dans un pays où les femmes n’obtiennent le droit de vote qu’en 1945, l’absence de tradition d’action politique pourrait bien sûr être mise en cause. De fait, pendant une période particulièrement longue, les possibilités d’expression des femmes dans le domaine politique étaient limitées et la norme sociale tendait à les exclure de l’espace public pour les cantonner dans la sphère privée. Sous l’Ancien Régime, la théorie politique exclut explicitement les femmes, et de ce point de vue, l’exclusion est plus marquée en France que dans la plupart des autres États européens à cause de la loi salique (3). La Révolution peut alors apparaître comme une occasion manquée pour l’accession des femmes aux droits politiques (4). En effet, leur cas se sépare de celui des hommes des catégories populaires puisqu’elles n’obtiennent à aucun moment le droit constitutionnel de s’exprimer par le suffrage, ni celui d’exercer des fonctions officielles de responsabilité mêmes locales et, le plus souvent, elles n’ont même pas voix délibérative dans les assemblées (5). Les refus vont de la privation du droit de vote à l’interdiction de défendre la Nation dans l’armée, le 30 avril 1793, et à la fermeture des clubs féminins, le 30 octobre 1793.

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Institutions civiles et Terreur   Synthèses

Par Françoise Brunel, Université de Paris I – Panthéon-Sorbonne.

Cette contribution prend le risque de s’inscrire aux marges de la tradition historiographique classique. Ce sont, en effet, les rapports entre politique et esthétique qui seront abordés par l’évocation rapide de quelques textes officiels de l’an II. Telle approche peut surprendre, tant elle s’éloigne de deux voies interprétatives majeures : un Gouvernement révolutionnaire dégénérant en « violence d’Etat » (Albert Soboul), ou bien « l’abdication de la liberté sous la pression de la nécessité » (Hannah Arendt). Ce qui semble se perdre dans ces deux analyses, c’est le difficile enchevêtrement de la révolution comment et de la révolution pourquoi, de la politique et du programme, du devoir-faire et du devoir-être. Aussi la lecture ici tentée fera-t-elle retour à quelques textes majeurs, aventure relayée par les réflexions dans le domaine des stratégies langagières en analyse de discours (1).

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1793-94 : La Révolution abolit l'esclavage. 1802 : Bonaparte rétablit l'esclavage   Synthèses

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot.

S'il y eut rétablissement de l'esclavage dans les colonies françaises d'Amérique, c'est bien parce qu'il y avait été précédemment aboli. Cela s'était réalisé en deux temps en 1793 puis en 1794. Tout d'abord, la colonie de Saint-Domingue, où une insurrection des esclaves avait commencé depuis la nuit des 22-23 août 1791, parvint à déclarer l'abolition de l'esclavage le 29 août 1793. Six mois plus tard, la Convention montagnarde s'engageait à aider la Révolution de Saint-Domingue et élargit l'abolition à toutes les colonies françaises par son vote du 16 pluviôse an II-4 février 1794. Il faut savoir que cette histoire de l'abolition de l'esclavage, puis de son honteux rétablissement, a été l'objet d'une double occultation qui n'a commencé de se dissiper que très récemment, depuis environ une quinzaine d'années. Je propose donc de raconter cette histoire où se mêlent le pire et le meilleur de l'humanité en trois temps :

- qu'était-ce qu'une colonie à esclaves sous l'ancien régime ?



- qu'a-t-on aboli en 1793 puis en 1794 ?

- qu'a-t-on rétabli et établi en 1802 ?

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De la Révolution de Saint-Domingue à l’Indépendance d’Haïti. Comment sortir de l’esclavage ? 1789-1804   Synthèses

par Florence Gauthier, Université Paris 7-Denis Diderot

L’abolition de l’esclavage en 1793-94 prend place dans la période de crise du premier empire colonial européen, en Amérique, qui provoqua un cycle révolutionnaire des deux côtés de l’Atlantique. L’insurrection des esclaves de Saint-Domingue, depuis août 1791, ouvrit une perspective de grande ampleur en mettant à l’ordre du jour l’abolition de l’esclavage, la destruction de la société coloniale, les formes à inventer de la décolonisation. L’insurrection des esclaves conduisait à l’abolition de l’esclavage en août et septembre 1793 et gagna le soutien de la Convention montagnarde qui s’engagea à défendre la liberté générale le 16 pluviôse an II-4 février 1794. L’opposition que suscita la rencontre entre les deux révolutions fut immense. Le lobby esclavagiste, lié à la contre-révolution en France, en Angleterre, en Espagne et dans les colonies, déplaça le champ de bataille de l’Europe à la Caraïbe, entre 1793 et 1804. L’enjeu était le maintien ou non des politiques impériales des puissances européennes esclavagistes et ségrégationnistes. De cette guerre terrible naquit la République d’Haïti, premier gouvernement des noirs, première expérience de décolonisation.

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Très brève histoire de la Révolution française, révolution des droits de l'homme et du citoyen   Synthèses

Par Florence Gauthier, Université Paris VII Denis Diderot

Esclavage ou liberté ? La Révolution française, révolution des droits de l'homme et du citoyen, abolit le régime féodal et l'esclavage dans les colonies, sans indemnités en faveur des seigneurs et des maîtres. Le bonnet rouge de la liberté exprima le lien entre ces deux grandes conquêtes de la liberté civile et politique de portée mondiale. Il signalait encore leur origine commune dans l'esclavage, qu'il s'agisse de l'héritage de l'esclavage antique dans les formes du servage et dans les transformations pluriséculaires des rapports féodaux, ou de l'esclavage moderne créé par des Européens dans les colonies d'Amérique.

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