Par Marc Belissa, Université Paris 10 et Yannick Bosc, Université de Rouen

Esther Benbassa, en introduction de La France en situation post-coloniale ?, numéro hors série de la revue Mouvements (septembre 2011) écrit : « La France n'a jamais cessé d'être nationaliste, d'un nationalisme lié directement à l'essence même du jacobinisme qui, s'il se présente sous le label d'un universalisme, entend assurer la domination d'une couleur, d'une religion et d'un genre, un universalisme donc blanc, masculin et catholique. »

Ne nous étendons pas sur ce qu'Esther Benbassa nomme « jacobinisme ». Ne nous demandons pas si le « jacobinisme » (et non le club dit des Jacobins) existe pendant la Révolution française autrement que comme désignant dans la presse contre-révolutionnaire. Restons donc dans le sens commun. Le « jacobinisme » c'est, entre autres choses, le club des Jacobins et prenons le problème par un autre bout.
Dans son ouvrage sur L'aristocratie de l'épiderme (Paris, CNRS Editions, 2007), Florence Gauthier raconte l'un des épisodes essentiels et ignoré (on le constate dans cette présentation surprenante d'Esther Benbassa), de l'histoire des luttes pour les droits de l'humanité : la dénonciation du préjugé de couleur et de la société coloniale esclavagiste au moment où la Révolution française proclame la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Cette dénonciation provient en particulier du club des jacobins, et singulièrement de Grégoire, de Brissot ou de Robespierre.

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