par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

Rien n’est vraiment identifiable, nous disent les historiens actuels, si l'on fait confiance à la nature en tenant compte de ses objets, de ses contenus et de ses exigences, si l'on attire l'attention sur des processus naturels qui identifient pourtant des choses intéressantes en vue de penser le devenir. De fait l'historien, considérant d'abord l'ancrage du fait historique dans le quotidien et l’imaginaire culturels d’une époque, juge ce monde naturel source d'illusion historiographique. Dans cette perspective "critique", aucun principe explicatif, aucune référence normative ne peuvent être appréhendés selon des causes naturelles, dans la mesure où l'historien pense n'avoir accès à la nature et à ses objets qu'à travers la médiation de données symboliques, elles-mêmes produites par l'activité socio-culturelle. Il convient alors d'adopter, face aux objets historiques « naturalisés » par l'historiographie, une attitude plutôt « déceptive » qui se veut garante, par la critique des « mythes historiographiques », d’une perception « mesurée » de l’avenir. Pour notre part, nous considérons que cette approche historienne procède d'une mise à distance de la part « naturelle » de réciprocité au sein du processus de reconnaissance sociale, là où s'expérimente une émancipation humaine issue de la demande de déclaration et de réalisation des droits naturels.

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