Approche sémiotique d’un parcours communicationnel

par Jacques Guilhaumou, UMR "Triangle", ENS-LSH Lyon

Dans notre enquête historique sur le républicanisme à Marseille, nous avons montré que cette ville était le théâtre tout au long de l’année 1793 d’expériences républicaines inédites, tant de la part des jacobins radicaux que des républicains modérés, qualifiés par la centralité législative détenue par la Convention de « fédéralistes ». Plus récemment, nous avons actualisé cette recherche par diverses études republiées dans la rubrique Dossiers autour du thème du pouvoir communicationnel à Marseille pendant la Révolution française. La plus originale de ces expériences communicatives sur le terrain des identités politiques, ou du moins la moins connue, demeure le mouvement sectionnaire du printemps-été 1793 dont Alessi Dell’Umbria, dans son récent livre sur l’Histoire Universelle de Marseille (2006) a pu faire, à partir de nos travaux, un modèle de démocratie de quartier, c’est-à-dire de démocratie locale basée sur le droit du peuple à l’insurrection contre la tyrannie du pouvoir exécutif, incarnée alors par la Convention Montagnarde. S’il en vient ainsi à mettre en cause, par contraste avec une telle expérience de démocratie directe, l’universalité abstraite des idéologues jacobins, et son pendant, le culte quasi-religieux de l’Etat-Nation, nous retenons plutôt de son analyse de la démocratie sectionnaire l’accent mis sur une manifestation de souveraineté locale « d’où part et revient sans cesse l’universel ».

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