Par Sandrine Bouché, ICT-Université Paris 7 Denis Diderot

Commentaire du Discours prononcé dans l’église cathédrale de Blois en présence des corps administratifs, tribunaux, garde nationale et troupes de ligne, pour Jacques Guillaume Simonneau, maire d’Etampes, assassiné le 3 mars 1792 pour avoir défendu la loi, par M. Grégoire, évêque du département de Loir-et-Cher. Ce texte a été réédité en 1977 dans le tome 4 des Œuvres de l’Abbé Grégoire rassemblées par Albert Soboul aux éditions Edhis. L’édition originale publiée en 1792 est disponible sur le site Gallica de la BNF

Grégoire prononce ce discours dans la cathédrale de Blois en tant qu’évêque. Depuis son élection en février 1791, il profite de cette fonction pour multiplier les lettres pastorales comme autant de tribunes dédiées à la voix de la révolution. Ce discours prononcé à l’occasion d’une cérémonie d’hommage funèbre est le premier des deux que nous lui connaissions en tant qu’évêque, le second étant celui en hommage aux morts du 10 août 1792. Grégoire s’adresse à un auditoire éclectique de personnalités locales des corps administratifs, judiciaires et militaires (1). Il fait l’éloge de Simonneau, le maire d’Etampes, une commune distante d’environ 130 km de Blois, tué le 3 mars 1792 lors d’une émeute populaire réclamant la taxation des denrées. Depuis le mois de février 1792, la Beauce était en proie à des émeutes sur les marchés et de taxations populaires liées à l’instauration de la liberté illimitée du commerce par le décret de l’Assemblée constituante du 29 août 1789 (2). L’inflation des prix de toutes les denrées alimentaires due à leur rareté et surtout à une spéculation financière sur celles-ci, déclencha des émeutes populaires pour mettre en vigueur la taxation. À Etampes, un des plus grands marchés de la Beauce, Simonneau voulut résister à des paysans venus taxer les denrées. Il proclama la loi martiale, une rixe éclata et il fut tué de deux coups de fusils (3).

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