Par Etienne Balibar, Université Paris X-Nanterre, University of California, Irvine

Ce texte qui développe un exposé présenté en 1989, devenu un classique, est publié sur le site du Centre International d'Etude de la Philosophie Française Contemporaine.

Je voudrais proposer quelques formulations qui nous aident à nous orienter parmi les présupposés d'une discussion caractéristique des années 80. A la fois matière de spécialistes et enjeu de stratégies dans l'opinion publique, cette discussion est marquée par la substitution tendancielle du thème des rapports entre l'"éthique" et le "politique" au thème des rapports entre le politique et le "social", et peut-être plus profondément par la réinscription du second dans le premier. Elle voit - à "droite" mais aussi à "gauche" - la question de la révolution céder la place à celle de la citoyenneté. A moins que, plus profondément, ce qui est en jeu ne soit une reformulation de la question de la révolution en termes de citoyenneté, donc de civisme et de civilité, soit qu'on évoque un renouveau de la citoyenneté (dépassant la reconnaissance des droits individuels), soit qu'on avance l'idée d'une "nouvelle citoyenneté".

C'est pourquoi il n'est pas étonnant qu'un thème central des débats en cours - toute coïncidence de dates et d'anniversaires mise à part - concerne la nature, le déroulement et la portée historique de la Révolution française, et plus particulièrement de son texte "fondateur" : la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789, dont on questionne à nouveau la signification et le type d'universalité.

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