Leslie Kaplan, Mathias et la Révolution, P.O.L

Sur Médiapart, entretien autour du dernier roman de Leslie Kaplan, Mathias et la Révolution, P.O.L, 256 p. Extraits :

"L’Histoire ne s’impose pas avec des formes établies, naturelles : ce sont les hommes qui font l’Histoire, même si nous ressentons tous aujourd’hui l’impression que rien ne va plus, que nous sommes à bout et au bout d’un système, d’une civilisation. D’où la nécessité d’un changement du cadre de pensée. Voilà pourquoi je me suis intéressée à ce grand changement de cadre de pensée que fut la Révolution française. On est alors passé de l’acceptation des sujets soumis aux privilèges à un refus d’une telle inégalité, jugée anormale. Nous y revoilà, face à la domination exercée par le capitalisme néolibéral, qui se promeut en horizon indépassable. Alors comment ? Tout le monde cherche, c’est précisément ce que décrit mon livre…"
"L’idée de ce roman est née de la réédition de La Révolution française d’Albert Mathiez, en 2012. Je l’ai alors relu, retrouvant l’enthousiasme ressenti lorsque j’étais étudiante. Je me suis mise à lire Robespierre et Saint-Just, découvrant chez eux, par-delà les formules impressionnantes, l’incroyable force des mots. Et j’ai eu envie que ces mots, oubliés ou dont nous n’avons jamais eu connaissance, vivent à nouveau, pour tout le monde. L’écrivain œuvre à redonner de la densité au langage et rien n’était plus exaltant que d’organiser la circulation d’une telle parole parmi des personnages, ici et maintenant. Ce qui n’empêche pas, bien au contraire, que tout le monde ne soit pas d’accord : il y a un colleur d’affiches d’extrême droite, une mère raciste attendant son enfant à la porte de l’école, ou encore un membre de l’Académie française, qui ne voient pas du tout les choses comme Mathias…
Oui, j’ai ressenti une grande jubilation à offrir en partage cette langue révolutionnaire, qui pourrait être parmi nous, qui devrait être parmi nous."

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