Relire ces textes c’est aussi, au-delà d’eux, revivre cette belle journée particulière d’automne : un site à l’architecture composite et évocatrice ; une journée ensoleillée, la dernière de la saison ; une salle, la fameuse salle des Actes de l’ICP, pleine d’un public intergénérationnel, extrêmement attentif, et qui ne désemplit pas de la journée.

Tout cela offre une première invitation au voyage, pour paraphraser le poète ; un voyage qui réunit tous ceux qui, à un titre ou à un autre, contribuèrent à cette aventure.

J’ai parlé d’une double détente. Il y a effectivement un second plaisir, moins immédiat, plus lent à émerger et qui s’impose particulièrement aux organisateurs du colloque. Malgré eux, en relisant ces textes, ils revivent le fil des événements qui ont précédé la journée du 26 octobre, les joies et les déconvenues qu’ils ont vécues, toutes péripéties propres à ce genre d’événement. Comment en effet oublier l’émotion de cet inconditionnel d’Henri Guillemin, dont la voix signait l’avancée en âge, qui me téléphona un matin pour connaître les horaires du colloque – Vous habitez Paris ? – Non ! s’exclama-t-il, j’habite à 500 km et je viens en voiture spécialement pour lui, pour Guillemin ! Ou cet étudiant me demandant des adresses d’amis bienveillants ou d’hôtels bon marché près de l’ICP, car il venait de Bruxelles et avait même décalé ses congés en apprenant la tenue du colloque. Ou encore cette femme qui dans sa jeunesse avait découvert Henri Guillemin à travers ses conférences télévisées, ce qui l’avait marquée à jamais dans le choix de ses études et de son travail, et qui me parlait d’Henri Guillemin avec tant de ferveur et d’intelligence que je l’imaginais aisément faire partie des intervenants pour une prochaine fois.

Revivre la genèse du colloque amène immanquablement à revivre le chaleureux déjeuner de janvier 2013 au cours duquel Edwy Plenel, plein d’enthousiasme, confirma le partenariat de Médiapart ainsi que sa présence à la table ronde finale. Sur ce point, le soutien de Médiapart, en mettant notre blog d’information sur le colloque en première page dès le début de septembre, nous fut très précieux. Car comment mobiliser le public sans communiquer ? Il y eut aussi Témoignage Chrétien avec le beau texte de Patrick Rödel en une du 17 octobre 2013. Et enfin, je me souviens de l’immédiate mobilisation de l’association des amis de Robespierre pour le Bicentenaire de la Révolution (ARBR) qui activa très efficacement son important réseau, créant le flux régulier des premières pré-inscriptions. Presque tous les messages reçus à travers ces relais furent accompagnés de remerciements et d’encouragements.

Pour ce voyage-ci, il a suffi de gréer un petit vaisseau, un frêle esquif, mais insubmersible. Pour être plus précis, un bi-place. Comment cela, deux personnes ? Oui, car en décembre 2010, tout juste adhérent de l’Association Présence d’Henri Guillemin, l’enthousiasme qui suivit mon idée d’organiser - dés que possible, un colloque sur ce thème, amena le Président Michel-Antoine Rognard à immédiatement proposer la création d’une antenne à Paris et d’une autre à Bordeaux.

Et c’est ainsi que, depuis ce moment, les deux capitaines, le nouveau vice-président de Bordeaux, Patrick Rödel, et le nouveau vice-président de Paris, Edouard Mangin, embarquèrent ensemble et ramèrent de concert, avec détermination, ne connaissant néanmoins point trop la haute mer, ses tempêtes et ses calmes plats, mais terriblement confiants dans le fait qu’ils arriveraient à bon port.

L’œuvre d’Henri Guillemin est si vaste et si utile par ces temps de pensée molle et confuse, presque urgente à faire vivre aujourd’hui, que d’autres voyages apparaissent nécessaires. Sans doute. Et c’est bien pour cela que le frêle esquif actuellement à quai, clapotant sagement dans son port d’arrivée, est prêt à appareiller de nouveau.

Voir la présentation de l'ouvrage sur le site de l'éditeur

Table des matières

Préface, par Édouard Mangin
Le mot d'accueil de Philippe Guillemin
Sur l'élaboration du Robespierre de Guillemin, par Patrick Berthier
Sur Robespierre et Rousseau, par Claude Mazauric
Robespierre théoricien et acteur d'une République démocratique et sociale, par Florence Gauthier
Henri Guillemin et Robespierre : contre-histoire du gouvernement représentatif et propositions de prolongements constituants, par Étienne Chouard
Robespierre ou la terreur des droits de l'homme, par Yannick Bosc
Argent et corruption sous la Terreur, par Olivier Blanc
Robespierre et la religion dans l'historiographie (1794-2012), par Marc Belissa
Le problème Robespierre : celui de son héritage, ou de ses héritiers ? par Serge Deruette
Les conférences retrouvées d'Henri Guillemin sur la Révolution, par Patrick Rödel
Actualité et vitalité de Guillemin, par Edwy Plenel
Postface, par Michel-Antoine Rognard